88 ans de vie et de ministère étudiant

Une entrevue avec le regretté Michael Green

Le 6 février 2020 correspondait au premier anniversaire de la mort du pasteur, évangéliste et théologien britannique Michael Green. Une grande partie de la vie et du ministère de Michael a été consacrée à parler de Jésus aux étudiants. Il a pris la parole à l’occasion d’innombrables campagnes d’évangélisation en Grande-Bretagne et à travers l’Europe. Il a conduit de nombreuses personnes à la foi et a inspiré les étudiants des mouvements de l’IFES à vivre et à parler sans réserve pour Jésus. Deux mois avant de rentrer dans la gloire, Michael a fait part de ses réflexions sur les changements, les défis et l’avenir du ministère étudiant dans la région.


Quels changements avez-vous constatés dans le ministère étudiant au fil des ans?

La plus grande chose que j’ai remarquée, c’est la croissance. Nous sommes bien conscients du monde sécularisé dans lequel nous vivons de nos jours. Mais nous ne réalisons souvent pas que l’Eglise chrétienne n’a en réalité jamais connu une croissance aussi rapide qu’elle ne l’a vécue dans notre génération La croissance, en particulier de l’islam, est forte en Asie du Sud-Est. Et nous le constatons également dans un certain nombre de pays d’Europe. Sous les vieux chênes quelque peu fatigués du catholicisme et de l’orthodoxie, nous avons maintenant l’herbe verte qui pousse: de nouveaux mouvements de jeunes hommes et femmes engagés envers le Christ.

Quels sont les principaux défis de l’évangélisation à l’université en Europe aujourd’hui?

La plupart des pays européens sont sortis d’un contexte communiste, et il y a donc encore beaucoup d’idéologie communiste et d’athéisme en rodage. Mais il y a aussi l’influence du consumérisme et du matérialisme qui rendent les gens particulièrement hédonistes et égoïstes. Ces choses affectent le climat spirituel et rendent l’atmosphère inhospitalière.

Ajoutez à cela le fait que l’œuvre évangélique est considérée comme une secte presque partout en Europe. Les chrétiens ont donc tendance à garder la tête baissée, et généralement il n’y a pas l’audace confiante que j’aimerais voir. Les gens ne s’attendent pas à ce que Dieu fasse de grandes choses ; ils ne s’attendent pas à des conversions lorsque vous avez des réunions. Et puis bien sûr, ils sont dans la confusion lorsqu’ils voient dix personnes venir à Christ ! Mais cela arrive assez souvent. J’aime ça !

Mais nous vivons des jours très difficiles. Il ne fait aucun doute que l’Évangile chrétien est confronté à des défis qu’il n’a jamais rencontrés auparavant. Des questions comme la transsexualité étaient quasiment inconnues jadis, mais elles constituent désormais un enjeu majeur. Et les jeunes hommes et les jeunes femmes chrétiens d’aujourd’hui doivent être profondément enracinés dans l’Évangile en sorte d’être capables de relever des défis de ce genre. Ainsi, lorsqu’ils abordent ces nouvelles questions controversées, ils ne se contentent pas de donner une opinion, mais ils apportent une réponse provenant d’une vision du monde enracinée dans la Bible.

Qu’est-ce qui vous encourage lorsque vous regardez le travail des mouvements nationaux de l’IFES en Europe?

Je suis encouragé de voir une plus grande innovation et créativité dans l’évangélisation. Autrefois, cela aurait été une simple proclamation. Je crois à la proclamation, mais je crois aussi à l’utilisation des arts créatifs : musique, théâtre, danse et mime et ainsi de suite. Nous commençons à en voir davantage en Europe. Bien sûr, l’Évangile est le même, mais les emballages doivent être différents selon la culture.

Les mouvements nationaux accordent également plus d’attention à la formation en apologétique, et j’aurais aimé m’y concentrer davantage quand j’étais jeune. Je me rends compte à présent que l’apologétique n’a jamais sauvé personne, mais c’est un outil très précieux pour déplacer les ordures de la route qui mène au Christ. Il faut que ce soit la servante de l’évangélisation, pas une sorte de discussion métaphysique qui n’amène personne à sa conclusion.

Quels conseils donneriez-vous à cette génération d’étudiants chrétiens?

Tout d’abord, j’exhorte tous les étudiants chrétiens à rejoindre une organisation biblique passionnée par l’évangélisation et cohérente dans la communion fraternelle. Un exemple classique, c’est l’IFES dans le monde. Les étudiants chrétiens doivent être avec d’autres étudiants qui sont des croyants engagés d’une dénomination différente, d’une nation différente, d’une culture différente. Ensemble, ils doivent être la contre-culture de Dieu sur le campus, engagés dans l’œuvre de Dieu à l’université.

L’avenir repose sur des gens qui ont le courage de se lever et de prendre part.  Les étudiants doivent avoir un pied dans la culture et un pied dans les Écritures. Et ils doivent avoir le cœur brûlant de passion pour transmettre cet Évangile qui a fait d’eux de nouvelles personnes. À moins qu’il n’y ait une nouvelle vie et un nouveau style de vie en nous, personne ne va écouter. Mais s’il y en a, et si nous sommes déterminés à atteindre les perdus, rien ne pourra s’opposer à nous. Jésus a promis que les portes du séjour des morts ne pourraient pas résister à la proclamation de son royaume. Et Il ne s’est encore jamais trompé.

Qu’est-ce qui vous a donné la force de tenir si longtemps?

Je pense à deux choses: l’une est ma vie d’attachement à Dieu. J’ai gardé une vie d’attachement à Dieu chaque jour tout au long de ma vie. En d’autres termes, je suis resté en contact avec la source de lumière et de vie, et c’est absolument critique. L’autre chose est que lorsque je constate que je ne fais rien pour le Seigneur, ma température spirituelle baisse. Mais une fois que quelque chose de nouveau m’est venu, je me dis: « Hé, regarde, je ne peux pas faire ça – mais le Seigneur le peut. Je dois compter sur lui. » Et donc : il s’agit de l’ensemble, à savoir une vie de communion avec Dieu et une vie où je saisis les occasions de servir qui me poussent à puiser à nouveau dans les ressources du Seigneur. Ces deux choses m’ont gardé en forme.

Quelle est votre prière pour les étudiants européens dans les années à venir?

Je prie que dans les dix années à venir, il y ait une confiance renouvelée dans la puissance de l’Évangile, un nouveau courage pour faire preuve d’audace dans le témoignage, à travers les arts de la scène, la musique, la danse, et en imaginant d’autres façons d’apporter l’Évangile à ses amis. Et cette assurance nous est naturellement donnée lorsque nous retournons continuellement à la croix, et que nous prenons conscience de ce que le Seigneur a fait pour nous. Et s’il l’a fait pour nous, il l’a fait pour les autres. Ainsi malheur à nous si nous ne proclamons pas l’Évangile.


Nous rendons grâce à Dieu pour le service fidèle de cet homme remarquable dans le monde universitaire. Son collègue et ami Michael Ots a fait cette réflexion :

Ce fut une joie et un privilège incroyables de collaborer avec Michael dans l’évangélisation des étudiants à travers l’Europe au cours des dix dernières années de sa vie. Il était non seulement un incroyable évangéliste et un mentor inspirant, mais il est également devenu un ami proche.  Ses nombreuses décennies d’implication dans l’évangélisation à travers le monde lui ont donné une position unique pour évaluer le ministère stratégique et précieux de l’IFES dont il était un grand partisan.

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