Un évangile pour lequel il vaut la peine de mourir / Revd Dr Benjamin Kwashi

Réflexions sur la persécution depuis le Nigéria

Benjamin Argak Kwashi

Traduit de l’anglais par Anja Morvan

Au cours des trente dernières années environ, le nord du Nigéria a vu une série d’émeutes, de persécution et de destruction. Par moments, des familles ou des communautés entières ont été décimées. Parfois, il s’agissait d’individus qui se trouvaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment et qui ont refusé de renier le Christ en choisissant plutôt d’être tués. Dans la grande majorité des cas, les noms de ces martyrs ne seront connus et commémorés uniquement par leurs proches et par le Seigneur. Certains étaient des personnes qui œuvraient à la paix et à la réconciliation entre les musulmans et les chrétiens. Certains étaient pasteurs. Certains étaient des membres d’églises.

Ceux qui apportent le message de l’Évangile ne seront pas toujours accueillis. Il peut y avoir des intimidations, des persécutions, des humiliations et les souffrances. St Paul savait toutes ces choses mais il a refusé de baisser les bras. Il a cherché des gens de toutes confessions religieuses : des Juifs, des adorateurs d’idoles païennes et ceux qui ont servi « un dieu inconnu ». En tout temps et en toutes circonstances, son souci, son but, sa raison de vivre était de « continuer » avec cet Évangile :

« Non, certes, je ne suis pas encore parvenu au but, je n’ai pas atteint la perfection, mais je continue à courir pour tâcher de saisir le prix. Car Jésus-Christ s’est saisi de moi. » (Phil 3.12, BDS).

L’Évangile l’avait tant saisi et transformé qu’il savait qu’il n’y avait aucune personne, aucune situation ou circonstance qui était hors de son pouvoir. C’est la puissance de l’Évangile qui a été confié entre nos mains et dans nos cœurs aujourd’hui. Rendre témoignage de l’amour de Christ n’est pas en premier lieu une affaire de débat académique, une discussion de tour de table ou même un bombardement médiatique. C’est simplement vivre l’Évangile de Christ par la puissance du Saint-Esprit, jour après jour, de telle manière que les autres voient, soient mis au défi et soient surpris.

Rendre témoignage à l’Évangile de cette manière signifie mourir à soi-même et vivre pour Christ. Dans sa première épître, Pierre écrit pour encourager, rassurer et apporter l’espérance aux Églises chrétiennes d’Asie mineure alors qu’elles commencent à être confrontées aux tempêtes de la persécution. La lettre nous instruit et nous montre la base de notre foi : Jésus-Christ, notre espérance, maintenant et pour toujours. Pierre nous montre la gloire de l’appel de Dieu : les chrétiens sont le peuple choisi de Dieu, héritiers de la bénédiction de Dieu — mais les chrétiens sont également appelés à souffrir, à endurer les abus injustes et les persécutions imméritées. C’est notre appel parce que c’était l’appel de Christ et nous sommes appelés à suivre son exemple (1 Pierre 2.21). Christ a souffert pour nous, et en le suivant, nous souffrons pour sa cause et pour amener d’autres à le connaître.

Pierre cherche à encourager les croyants, non seulement à rester fermes dans la souffrance mais également à examiner les raisons pour lesquelles ils doivent vivre dans un monde troublé et endurer la souffrance et la persécution. Ce faisant, ils doivent garder à l’esprit que Jésus a souffert indirectement pour les péchés du monde entier et qu’il a donc obtenu le salut pour nous. C’est une chose de souffrir à cause de l’ignorance, de la folie ou des péchés et des transgressions délibérés personnels. C’est pourtant autre chose de souffrir innocemment pour la justice. Chaque croyant doit examiner clairement et honnêtement les raisons de ses souffrances et voir si elles valaient la peine. Toute souffrance qui ne conduit pas les personnes à Christ et qui n’apporte pas la bénédiction aux autres, n’en vaut pas la peine. Toute souffrance qui n’est pas pour la cause de Jésus-Christ et de l’Évangile du salut n’en vaut pas la peine.

Toute souffrance qui n’a pas de valeur éternelle devant Dieu est complètement inutile. Même si vous souffrez en raison d’une maladie dont vous n’êtes pas responsable, il est important que vous vous déchargiez sur Christ de tous vos soucis et de tous vos fardeaux parce qu’il vous connaît. Il connaît votre condition et il prend soin de vous (1 Pierre 5.7).

Autrement vous êtes perdus, fatalement. Cela doit être dit clairement pour tordre le cou à l’idée selon laquelle l’acceptation passive d’un état de souffrance est le signe d’un croyant. Certains ont poussé la chose plus loin encore en considérant une souffrance inutile, injustifiée et même absurde comme la marque d’une véritable foi. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Jésus-Christ n’est pas venu pour nous faire souffrir : il est venu pour nous apporter l’espérance et un chemin à travers les difficultés de ce monde. Les difficultés de ce monde sont réelles et ne peuvent être ignorées. Dieu n’a jamais promis à son peuple qu’ils échapperaient à tous les problèmes mais il a toujours promis de les traverser avec nous. Jésus a dit : « Dans le monde, vous aurez à souffrir bien des afflictions. Mais courage ! Moi, j’ai vaincu le monde. » (Jean 16.33, BDS)

La souffrance de Jésus-Christ était là parce qu’il a affronté les puissances de l’enfer, de la mort et de Satan lui-même. Il a souffert mais il devait le faire afin de sauver un peuple de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de l’enfer au ciel. Il a souffert pour lancer la voie d’une tendance irréversible de transformation de l’histoire, des gens, des vies et des communautés. Dieu aime tant le monde et l’humanité qu’il ne pouvait nous laisser dans le péché à jamais. L’implication pratique directe est que, quiconque sera investi dans la rédemption du monde doit être face à une confrontation amère et même à la mort. Jésus a littéralement vécu tout ceci de sorte qu’aujourd’hui, nous sommes les bénéficiaires directs de ce prix extraordinaire que Dieu a dû payer alors que son Fils unique souffrait et est mort à notre place. Le fait est qu’en tout cela, Jésus est triomphalement ressuscité des morts le troisième jour et est monté au ciel, sur son trône en tant que sauveur, rédempteur et juge.

Puis, s’adressant à tous, il dit :
—Si quelqu’un veut me suivre, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive. En effet, celui qui est préoccupé de sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi la sauvera. Si un homme parvient à posséder le monde entier, à quoi cela lui sert-il s’il se perd ou se détruit lui-même ? Si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme, à son tour, aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, dans celle du Père et des saints anges. Je vous l’assure, quelques-uns de ceux qui sont ici présents ne mourront pas avant d’avoir vu le règne de Dieu. (Luc 9.23–27, BDS)

La croix est l’identité distincte de ceux qui suivent Christ (Luc 9.23). Il n’y a pas d’échappatoire à la croix si l’on est disciple de Christ. Il n’y a pas de discipulat sans croix. La croix est au centre de l’Évangile. C’est le cœur de la bonne nouvelle, le message du salut. La croix devait être la fin du ministère de Jésus. La croix devait le mettre sous silence en le tuant. La conspiration de le tuer était achevée. Il n’a rien fait de mal et pourtant il a été condamné par les forces de l’envie, de la haine, de la jalousie, de l’amertume, de la médisance et de la trahison. Ils se sont ligués et ils l’ont condamné à la mort sur la croix. Mais le troisième jour, Jésus est ressuscité des morts et il est aujourd’hui vivant à jamais ! C’est la victoire de la croix ! « En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance même de Dieu. » (1 Corinthiens 1.18, BDS). C’est la raison des missions de l’Évangile et du ministère de l’Évangile jusqu’au retour de notre Seigneur.

À travers les années, partout où il y a eu des chrétiens, la mission s’est poursuivie, quelles qu’aient été les circonstances. Maintenant, c’est notre tour ! Nous devons prendre position à présent où cela est le plus crucial. Nous devons être des bâtisseurs, et non des destructeurs. Nous devons bâtir tous les gens et en particulier les jeunes et leur donner une espérance pour l’avenir. Levons-nous pour résister à la destruction et à tous ceux qui détruisent la vie, l’environnement et la communauté. Un évangile qui n’a pas d’effet dans la vie des gens, qui n’a pas de puissance de transformation, n’est pas le vrai Évangile ou l’Évangile au complet. Quelles que soient les conditions qui nous entourent, n’oublions jamais : nous avons un Évangile pour lequel il vaut la peine de vivre et un Évangile pour lequel il vaut la peine de mourir !


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