La migration à travers les yeux de la foi : Le peuple de Dieu, les territoires nationaux et les…

Robert W. Heimburger

Scènes de migrants

Aujourd’hui, les scènes qui impliquent des migrants font l’objet de notre attention :

  • En Colombie, une grande partie de la population est déplacée à l’intérieur de son propre pays. Plus de la moitié du siècle passé en conflits entre guérillas, forces gouvernementales et organisations paramilitaires qui possèdent hommes, femmes et enfants. Beaucoup quittent derrière eux des communautés agricoles pour des zones urbaines défavorisées, souvent forcés de se déplacer à nouveau lorsqu’ils font l’expérience de violences dans leur nouveau quartier. Le gouvernement colombien et le principal groupe de guérilla, les FARC, progressent vers un accord de paix. S’ils y parviennent, le pays sera confronté au défi du processus de paix et de pardon.
  • L’opposition au président syrien Bachar al Assad a débouché sur l’essor de l’État islamique connu également sous le nom de Daesh. De nombreuses personnes ont fui vers des camps de réfugiés, faisant gonfler les rangs de la population de pays voisins comme la Jordanie, le Liban et la Turquie. D’autres ont fui vers le nord et l’ouest en Europe. À Calais en France, beaucoup vivent dans la « jungle » dans des abris de fortune temporaires pour ceux qui tentent de gagner le Royaume-Uni en se cachant dans un camion ou en traversant la mer en bateau. Les violentes attaques à Paris, à San Bernardino et à Cologne ont impliqué des protagonistes originaires du Moyen-Orient. Ces événements, dans l’esprit de beaucoup d’Européens et d’Américains du Nord, ont été associés à la fuite des réfugiés de Syrie. L’accueil des réfugiés est donc devenu un sujet controversé. Les réactions vont d’une ouverture extraordinaire à une attitude protectionniste extrême. Parmi les politiciens, l’Allemande Angela Merkel dirige le camp de ceux qui offrent un accueil limité tandis que les nationalistes appellent à l’arrêt de la migration.
  • Les Philippines sont un pays à tradition d’émigration, qu’il s’agisse de migrants qui s’installent de manière permanente ou bien de ceux qui retournent après un contrat à durée limitée. Les Philippins ont un passé de service dans le domaine du commerce maritime. Et aujourd’hui, de nombreux migrants philippins sont des femmes qui servent de domestiques dans des pays comme l’Arabie Saoudite, les États-Unis, les Émirats Arabes Unis, le Canada et la Malaisie. Certaines domestiques laissent derrière elles leurs enfants en leur apportant un soutien financier tout en élevant les enfants d’autres personnes. Les domestiques manquent souvent de liberté et sont soumis à de mauvais traitements et à des abus.
  • Aujourd’hui, de nombreux migrants vivent aux États-Unis sans statut légal. Nombre d’entre eux arrivent du Mexique et d’Amérique centrale pour travailler et rejoindre leurs membres de famille, pour fuir parfois la pauvreté ou la violence, confrontés à d’autres menaces sur leur chemin. L’existence dans l’ombre de personnes résidant aux États-Unis sans autorisation génère peur et prudence. Il n’y a souvent pas de solution pour sortir de ce cercle vicieux pour les parents dont les enfants sont nés aux États-Unis et ont acquis la nationalité à la naissance. Au travail, à l’église, dans leur quartier, la disparité entre ceux qui ont le permis de séjour et ceux qui ne l’ont pas, complique les relations. L’immigration illégale est un point de division pour les politiciens élus. Le congrès des États-Unis a échoué dans la réforme de la législation depuis les années 90.*
  • Le régime autoritaire érythréen force régulièrement ses membres au service militaire national illimité. Les chrétiens en dehors des églises déclarées sont confrontés à l’emprisonnement. Ce sont là quelques unes des raisons qui ont poussé nombre d’entre eux à fuir vers l’Éthiopie voisine, le Soudan ou Israël. La vie dans des camps de réfugiés en Éthiopie, la maltraitance par des criminels organisés au Soudan et le manque de reconnaissance légale en Israël, ont poussé des Érythréens à se diriger vers la Libye pour atteindre l’Europe. Ce pays de la corne de l’Afrique vient en deuxième position après la Syrie parmi les pays d’envoi de migrants traversant l’Europe.*

Il s’agit là seulement de quelques scènes de migration dans notre monde d’aujourd’hui. Dans ces cas de figure, certains chrétiens sont parmi ceux qui migrent. D’autres sont au premier plan de l’accueil des migrants. D’autres encore appellent au retour à l’ordre et s’opposent à la migration. Quelle réponse le chrétien est-il invité à donner ? Quelle réponse l’écoute de la Parole de Dieu apporte-t-elle à ces scènes troublées de migration ?

Dans ce qui suit, un rapport chrétien de la migration émanera de la lecture de Deutéronome 10. Ce rapport s’articule autour d’un Dieu qui migre avec le peuple de Dieu, un Dieu qui les aime et les appelle à aimer les migrants. Par ailleurs, deux autres questions seront traitées : est-il légitime que les nations assurent la gestion de la migration et les territoires nationaux ont-ils une place dans l’histoire du salut ? Par ailleurs, les chrétiens perçoivent-ils les opportunités uniques au sein de l’université en tant que communauté de migrants ? Chaque section se penchera sur un passage biblique ou un moment de l’histoire, en prenant un angle de la question plutôt qu’en fournissant un compte-rendu exhaustif. D’autres questions sur les attitudes des sociétés recevant des migrants ou la responsabilité des migrants ne seront pas traitées ici.

Un dieu migrant , un peuple migrant et un amour pour les migrants

Lorsque nous posons des questions sur la migration, nombre d’entre nous prennent pour référence de base notre pays ou notre économie. Cependant, quand les Saintes Écritures traitent de la migration, elles ne prennent pas pour point de départ l’histoire de notre pays ou de notre économie. Le corps principal des passages sur la migration démarre par l’histoire de Dieu et l’amour de Dieu pour un peuple. Prenons un exemple : Deutéronome 10.12 à 22. Ce passage s’intéresse à resituer et réorienter ses auditeurs devant Dieu comme étant le peuple aimé de Dieu. Pour reprendre les propos de Moïse :

Et maintenant, Israël, qu’attend de toi l’Eternel ton Dieu ? Simplement que tu le révères en suivant toutes les voies qu’il t’a prescrites, en l’aimant et en le servant de tout ton cœur et de tout ton être, en observant ses commandements et ses lois que je te prescris aujourd’hui pour ton bien. Voici : le ciel, et même les cieux les plus élevés, appartiennent à l’Eternel ton Dieu ainsi que la terre et tout ce qu’elle contient. Et pourtant, c’est uniquement à tes ancêtres que l’Eternel s’est attaché pour les aimer, et c’est leurs descendants, c’est-à-dire vous, qu’il a choisis parmi tous les peuples, comme vous le constatez aujourd’hui. Opérez donc aussi une circoncision dans votre cœur et ne vous rebellez plus contre l’Eternel ; car l’Eternel votre Dieu est le Dieu suprême et le Seigneur des seigneurs, le grand Dieu, puissant et redoutable, qui ne fait pas de favoritisme et ne se laisse pas corrompre par des présents. Il rend justice à l’orphelin et à la veuve et témoigne son amour à l’étranger en lui assurant le pain et le vêtement. Vous aussi, vous aimerez l’étranger parmi vous, car vous avez été étrangers en Egypte. C’est l’Eternel ton Dieu que tu révéreras, c’est à lui que tu rendras un culte, à lui seul que tu t’attacheras, et si tu prêtes serment, c’est par son nom que tu le feras. Il est le sujet de tes louanges, il est ton Dieu ; c’est lui qui a accompli pour toi ces œuvres extraordinaires et redoutables dont tu as été témoin. Tes ancêtres vinrent en Egypte au nombre de soixante-dix, et maintenant l’Eternel ton Dieu t’a rendu aussi nombreux que les étoiles du ciel.

Un dieu migrant qui aime les migrants

Dans le livre de Deutéronome, alors que le peuple de Dieu parvient au Jourdain en vue de la terre que Dieu leur donne après leurs années d’errance dans le désert, Moïse leur rappelle ce qui s’est passé depuis que l’Eternel a fait venir leurs mères et pères d’Egypte. Dans son premier discours, il leur dit qu’au cours de leur voyage vers la terre que l’Eternel leur Dieu leur donne, « …et dans le désert, où vous avez pu constater que l’Eternel votre Dieu s’est occupé de vous comme un homme s’occupe de son fils ; il l’a fait tout au long du chemin que vous avez parcouru pour arriver jusqu’ici. » Malgré leur manque de confiance en Dieu, Moïse dit, que « L’Eternel votre Dieu… marchait devant vous sur le chemin pour vous chercher vos lieux de campement, vous précédant la nuit dans une colonne de feu pour vous montrer la route sur laquelle marcher, et le jour dans la nuée. » (1.32–33). Ce Dieu a migré avec le peuple. Il les a fait cheminer et il a marché au-devant d’eux pour leur montrer le chemin.

Dans le deuxième discours de Moïse dans Deutéronome, le peuple de Dieu a entendu certaines affirmations des plus étonnantes sur Dieu, sur la manière dont Dieu aime et dont Dieu veut que le peuple de Dieu aime : « Voici : le ciel, et même les cieux les plus élevés, appartiennent à l’Eternel ton Dieu ainsi que la terre et tout ce qu’elle contient. Et pourtant, c’est uniquement à tes ancêtres que l’Eternel s’est attaché pour les aimer, et c’est leurs descendants, c’est-à-dire vous, qu’il a choisis parmi tous les peuples, comme vous le constatez aujourd’hui. » (10.14–15). Ils entendent que tout appartient à Dieu, tous les cieux et toute la terre, tout ce que Dieu a créé. Et pourtant, de tout ce qui lui appartient, Dieu a un attachement particulier envers eux. De tous les peuples de la terre, Dieu a choisi Israël.*

Les lecteurs chrétiens entendent un message à leur intention : Dieu vous a choisis, Église en Éthiopie, Église des Philippines, il déverse son amour sur vous.

Le peuple de Dieu en entend davantage :

Car l’Eternel votre Dieu est le Dieu suprême et le Seigneur des seigneurs, le grand Dieu, puissant et redoutable, qui ne fait pas de favoritisme et ne se laisse pas corrompre par des présents. Il rend justice à l’orphelin et à la veuve et témoigne son amour à l’étranger en lui assurant le pain et le vêtement. (10.17–18)

Dieu, Yahweh, se distingue de toutes les autres puissances et autorités. Du Pharaon à la reine Elizabeth, du roi Og de Basan à Vladimir Poutine, Dieu règne sur eux tous. Dieu est le grand juge, il décide de ce qui est juste et de ce qui est injuste. Les seigneurs de la terre ont des comptes à rendre à l’Eternel Dieu.

Lorsque cette traduction dit « Il rend justice à l’orphelin et à la veuve, » plus précisément l’hébreu dit « il juge l’orphelin et la veuve. » Entendre que Dieu juge l’orphelin et la veuve peut nous surprendre. Cependant, un sens différent du mot juger est implicite ici, à savoir le don d’un jugement juste et approprié qui apporte une protection aux personnes vulnérables face à l’oppression de celui qui est puissant. L’Eternel Dieu est impartial et ne se laisse pas soudoyer dans l’exercice de la justice en prenant le temps de rendre son jugement là où il se doit.

Ce que Dieu fait de toute cette puissance en tant que juge, c’est de rendre justice à l’orphelin, à la veuve et…à l’étranger ? Non, le passage va plus loin. Non seulement Dieu cherche à établir la justice pour l’étranger ; Dieu aime l’étranger, en hébreu, le gēr. Dieu se lie d’amitié au gēr.

Qui est le gēr ? Il s’agit de quelqu’un qui vient de l’extérieur pour vivre avec une communauté. Dans le Proche Orient ancien, la vie dépendait de l’appartenance à un foyer. Ceux en dehors de ce foyer, sans un père ou un mari ou sans liens familiaux, auraient été en danger de mort. Ils n’auraient pas eu de moyens pour obtenir la nourriture ou le vêtement. Le gēr est l’étranger vulnérable, qu’il soit de l’extérieur d’Israël ou d’une autre tribu ou famille au sein d’Israël. * Les traductions anglaises de la Bible traduisent gēr de plusieurs manières : « étranger » « hôte de passage » et « émigré ».* « Réfugié » peut également s’appliquer mais le sens de gēr est plus large. Ecartons les mots archaïques ou les mots qui conduisent à la méfiance, le meilleur mot est « migrant ».

Aujourd’hui, qui parmi nous est comme le gēr ? Il peut s’agir de vous, lecteur qui avez migré. Il peut s’agir de l’adolescent qui a quitté son foyer à la recherche de nouvelles opportunités. Il peut s’agir de la famille qui fuit un conflit ou une famine ; ou encore l’étudiant étranger esseulé et déboussolé à l’université.

Dans Deutéronome, le Tout-Puissant, le plus grand souverain du monde porte un souci particulier pour les étrangers vulnérables.

Un peuple migrant qui aime les migrants

Existe-t-il un lien entre l’amour de Dieu pour Israël et l’amour de Dieu pour le migrant ? Oui, dit Moïse : « Vous étiez tous migrants en terre d’Egypte » (10.19, traduction de l’auteur). Le peuple de Dieu était des réfugiés qui s’y rendaient par manque de nourriture en Canaan. Ce déplacement a ensuite laissé des générations dans l’esclavage, sans possibilité d’échapper. Mais c’est justement envers ce genre de personnes que Dieu a montré de l’amour en les faisant sortir d’Egypte loin du Pharaon et de ses chars, dans le désert et à présent dans un bon pays.

C’est l’histoire de l’Église également : les migrants sont justement le genre de personnes envers qui Dieu démontre son amour. Nulle part dans le Nouveau Testament, cela n’est-il aussi clair que dans la première épître de Pierre. Pierre écrit à ceux « qui vivent en hôtes de passage, dispersés ». (1.1). Et Pierre exhorte ses lecteurs à se conduire avec respect durant leur temps de résidence temporaire, le « temps qu’il leur reste à passer dans ce monde » (1.17) *. A nouveau, ses directives pour une vie sainte s’adresse à ceux qui tout récemment sont appelés « chrétiens » (4.16) étant des « résidents temporaires et des hôtes de passage » (2.11). * Ici, Pierre reprend l’expression exacte employée pour Abraham dans Genèse et David dans les Psaumes et il l’applique aux églises. *

Ce qui était le cas pour Israël dans Deutéronome l’est aussi devenu pour les églises * : le peuple de Dieu, ce sont des communautés de migrants. Ces personnes « nées de nouveau…par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (1.30), Pierre les appelle résidents ou migrants installés (paroikoi) ainsi qu’hôtes de passage (parepidēmoi).* Peut-être beaucoup de personnes dans les églises de l’époque de Pierre avaient-elles déjà ce statut de personnes venues d’ailleurs, mais Pierre suggère bien plus. Ceux appelés chrétiens commencent à vivre comme des migrants. En tant qu’hommes et femmes nés de nouveau, ils sont rendus saints par l’Esprit (1.2, 3) et ils sont mis à part en tant que peuple unique formant une communauté parallèle aux côtés de communautés domiciliées en Asie mineure. *Bien qu’il soit possible d’interpréter la migration de l’Église dans 1 Pierre comme étant premièrement une migration spirituelle, le commentateur John Elliot démontre qu’il s’agit là d’une déformation du message de 1 Pierre. L’Église vit à présent une existence de migrants, elle loue un Dieu différent, elle vit différemment et elle souffre de la méfiance, de la peur et de la discrimination de la part des communautés environnantes. * Ils sont un peuple qui participe aux souffrances du Christ (4:13).

Et pourtant en 1 Pierre, ces migrants et ces étrangers deviennent une « maison de Dieu » (4.17) et une « maison spirituelle » (2.5). L’épître comprend ici un jeu de mots : les migrants, les paroikoi, ceux qui sont aux côtés de la maison nationale, deviennent une maison, une oikos ; ces personnes en dehors de la famille intègrent la famille. * Pierre déclare que cette maison de Dieu, cette communauté de migrants, prend part aux promesses faites à Israël :

Mais vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière. Car vous qui autrefois n’étiez pas son peuple, vous êtes maintenant le peuple de Dieu. Vous qui n’étiez pas au bénéfice de la grâce de Dieu, vous êtes à présent l’objet de sa grâce. (2.9–10) *

Cela reste l’histoire de l’Église. Elle est une communauté nouvelle, souvent composée de migrants, qui, de par leur comportement différent ressemble à une communauté de migrants. Dieu choisit ces personnes et elles sont à lui. Elles deviennent le palais de Dieu et ses prêtres et elles sont le groupe ethnique, la tribu ou la nation de Dieu. C’est une affirmation forte : ceux qui se confient en Jésus ont pour nation l’Église.

Ici, 1 Pierre applique à l’Église ce qui est dit du peuple de Dieu en Deutéronome 10. Il s’agit là du peuple étranger qui montre du respect à l’Eternel (10:12), qui loue l’Eternel et qui fonde sa réputation et son identité sur l’Eternel (10:21). Dieu leur ordonne ceci : « Opérez donc aussi une circoncision dans votre cœur et ne vous rebellez plus contre l’Eternel » (Deut 10.16). Dieu veut le cœur du peuple, le cœur de leur être, afin de les mettre à part pour lui, comme étant quelque chose de pur et saint. *Dieu demande leur loyauté : *

Et maintenant, Israël, qu’attend de toi l’Eternel ton Dieu ? Simplement que tu le révères en suivant toutes les voies qu’il t’a prescrites, en l’aimant et en le servant de tout ton cœur et de tout ton être, en observant ses commandements et ses lois que je te prescris aujourd’hui pour ton bien. (10.12–13)

C’est Dieu qui rend cela possible, lui le Dieu qui « l’a [Israël] fait sortir d’Egypte. » (Deut 5.6), par la « puissance de Dieu » qui « a fait naître [l’Église] à une vie nouvelle, grâce à la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts ». (1 Pierre 1.3, 5).

Qui donc est le peuple de Dieu ? Il s’agit du peuple qui apprend à aimer comme Dieu. Qui l’Eternel aime-t-il ? L’Eternel aime le migrant, celui qui vient de loin et qui vient pour rester. L’Eternel offre son amitié au migrant.

Le peuple de Dieu est appelé à aimer le migrant. Et en hébreu, un commandement équivaut à une promesse. Deutéronome 10.19 signifie « Vous devez tous aimer le migrant » et cela signifie également, « vous aimerez tous le migrant ». Souvenez-vous qu’ici, l’on s’attend à ce que Dieu parle de justice pour l’étranger, mais au lieu de cela, Dieu va plus loin encore en exhortant à l’amour pour le migrant. Le livre de l’alliance dans Exode interdit la maltraitance et l’oppression du migrant (22.21 ; 23.9), mais ce passage va plus loin encore puisqu’il ordonne et promet l’amour. * Lorsqu’une traduction précise « offrir son amitié » plutôt qu’ « aimer », elle précise ce qu’est l’amour pour les migrants de façon à être plus facile à comprendre : aller et offrir son amitié au migrant ; je promets, vous pourrez tous offrir votre amitié au migrant. *

L’Eternel désire un peuple qui aime comme l’Eternel aime : aimer ceux qui viennent de l’extérieur, qui n’ont ni maison ni famille. Ce sont ces personnes mêmes envers qui Dieu porte son attention, à la fois d’un point de vue physique et spirituel. Par la miséricorde de Jésus-Christ, les membres de chaque peuple du monde peuvent être liés pour former un peuple nouveau, le peuple de Dieu. 1 Pierre explique clairement que pour ceux d’entre nous qui sommes en Christ, l’Église est notre nation (2.9). Ceux qui font partie de la nation de Dieu ont une toute autre lecture de la situation des migrants : Dieu les aime abondamment au point de migrer à leurs côtés. Par là même, eux se doivent d’aimer le migrant.

À présent, ce lien entre Deutéronome 10 et 1 Pierre n’est qu’un ensemble de passages des Écritures qui permettent d’exposer une histoire sur Dieu et les migrants. D’autres récits peuvent être pris en compte : la conquête de Canaan et la destruction d’étrangers idolâtres ; Néhémie et Esdras qui se défont d’épouses et d’enfants étrangers. La théologienne Susanna Snyder a bien raison de faire remarquer qu’il est possible d’aboutir à différentes théologies de la migration en se basant sur les Écritures, et que les chrétiens sont souvent complices dans la recherche de bouc émissaires ou dans la haine des étrangers. * Et pourtant, l’explication donnée ici correspond bien à la trajectoire de l’alliance de Dieu qui est confirmée en Jésus-Christ. Cette trajectoire part de la bénédiction d’Israël pour être à son tour une bénédiction pour toutes les familles de la terre (Genèse 12.3), à la prophétie selon laquelle des étrangers se joindront eux-mêmes à l’Eternel de sorte que la maison de Dieu sera appelée une maison de prière pour toutes les nations (Esaïe 5.6–7), à l’unité des Juifs et des Grecs baptisés en Christ (Galates 3.27–29). Retracer le récit dans Deutéronome parlant d’un Dieu migrant qui aime un peuple migrant et qui appelle ce peuple à faire montre d’un même amour, et l’actualiser pour l’Église à la manière de 1 Pierre, s’aligne avec cette trajectoire vers une nation de migrants unis en Christ.

De la même manière, ce récit n’est pas nouveau. Bien d’autres auteurs ont proposé des récits semblables d’accueil, d’hospitalité et d’Église migrante. Nombre de ces auteurs sont mentionnés sous la section « Lectures complémentaires ». Cela dit, étant donné tout ce qui se passe dans le monde aujourd’hui, les principaux matériaux des Écritures exigent une écoute.

Et si vous commenciez par la grande histoire de la personne de Dieu et de la nation de Dieu plutôt que par les histoires du pays où vous vivez ? Quelle forme cela prendrait-il si le peuple de Dieu laissait cette histoire les former, en tant que peuple installé ou en tant que migrants au Royaume-Uni ou au Soudan, en Argentine ou en Corée du Sud ?

Migrants et territoires nationaux

Il peut être possible de s’accorder avec l’explication précédente et de rester pourtant convaincu que ceux qui migrent illégalement devraient être renvoyés d’un pays. Quelqu’un peut entendre le message de Deutéronome et 1 Pierre et dire qu’il est correct de dire que l’Église est un peuple migrant et qu’il est juste pour les nations de notre ère de faire montre de justice et d’amour envers les réfugiés qui viennent par des moyens légaux ; que cependant, ceux qui enfreignent la législation pour pénétrer dans un pays ne devraient pas être traités avec la même attention. On peut penser que les nations sont importantes et leurs territoires devraient être protégés.

Cette vision des choses est-elle juste ? Dieu se préoccupe-t-il des territoires nationaux et devraient-ils être protégés contre ceux qui y pénètrent illégalement ? Ou bien, l’histoire de Dieu révélé en Jésus-Christ pose-t-elle des limites à la gestion de l’immigration ? Ici, notre attention portée sur un passage nous permettra de donner une proposition préalable de réponse.

Ceux qui prient les Psaumes perçoivent un aspect de la condition humaine :

O Eternel, écoute ma prière et sois attentif à mon cri!
Ne reste pas sourd à mes pleurs,
car je ne suis, chez toi, qu’un étranger,
qu’un hôte temporaire, tout comme mes ancêtres. (Ps 39.13).

Les êtres humains sont tout d’abord des êtres humains devant Dieu, des créatures qui ne peuvent revendiquer aucun droit face à Dieu. Pourtant, par amour, Dieu écoute ceux qui s’adressent à lui et leur permet d’entrer dans sa présence. Ils sont de nouveaux venus, invités à parler à Dieu. *

En priant les Psaumes, il apparaît clairement que les êtres humains sont des invités dans un monde qui appartient déjà à Dieu : « La terre et ses richesses appartiennent à l’Eternel. L’univers est à lui avec ceux qui l’habitent » (Ps 24.1). A plus petite échelle, l’expérience d’Israël n’est pas celle de propriétaire d’une terre. C’est l’expérience de celui qui reçoit la terre comme un don. Dans le livre de Deutéronome, la terre d’Israël n’est pas juste un territoire. Maintes et maintes fois, c’est « le pays que l’Eternel notre Dieu nous donne » (1.25, 2.29, 3.20, 4.1, 4.21, etc.). Ailleurs dans la Pentateuque, les limites sur la vente d’une terre comprennent cette déclaration : « … le pays m’appartient et vous êtes chez moi des étrangers et des immigrés » (Lév 25.23b). Le pays appartient tout d’abord à Dieu. Israël reçoit le pays comme un don d’un propriétaire divin et il reste locataire sur ce territoire.

Les autres nations reçoivent-elle également un territoire de Dieu ? Ou bien l’expérience d’Israël est-elle unique ? Autour du récit de Deutéronome retraçant le cheminement d’Israël, alors qu’Israël rencontre Edom, Moab et Ammon aux chapitres 2 et 3, nous avons quelques éléments. Dans son premier discours, Moïse dit à Israël ce que Dieu (Yahweh) a à leur dire lorsqu’ils rencontreront une autre nation :

Vous allez passer près de la frontière de vos frères, les descendants d’Esaü, qui habitent la région de Séir; ils auront peur de vous, mais faites bien attention: n’allez pas les attaquer, car je ne vous donnerai rien dans leur pays, pas même de quoi poser le pied. En effet, j’ai donné la région montagneuse de Séir en possession à Esaü. (2.4b-5).

Moïse poursuit en citant le nom des peuples qui ont précédé Esaü ou Edom sur ces territoires : Edom a dépossédé les Horiens (2.12) et Yahweh a détruit les Horiens devant Esaü (2.22). Après qu’Israël rencontre les Edomites, le même schéma est répété deux fois alors qu’ils traversent Moab (2.8b-16) puis Ammon (2.16–25). Le schéma change lors des rencontres suivantes avec deux autres nations, Hechbôn et Basan (2.24–3.7), alors que Dieu accorde ces territoires à Israël.

L’attention remarquable que ce passage accorde aux territoires des nations autres qu’Israël révèle certaines choses. L’extrait commence ainsi : « Vous êtes sur le point de traverser le territoire de vos frères et sœurs ». Alors que le peuple de Dieu chemine vers le pays que Dieu leur donne, ils traversent des « territoires », ou ils passent près des « frontières » d’Edom ou d’autres peuples. Les gorges de rivière, une mer, une montagne et des villes qui marquent les limites des territoires dans ce passage dans Deutéronome (2.13–14, 24, 36, 37; 3.8, 9, 10, 16, 17). Dans un récit parallèle de la rencontre d’Israël avec Edom dans le livre des Nombres, Moïse envoie des messagers au roi d’Edom en lui demandant la permission de traverser son territoire (Nom 20.16–17, 21). Dans les deux récits, il est clair que les nations autres qu’Israël avaient des territoires et exerçaient un contrôle sur le passage de leurs frontières.*

Dans le passage, une autre affirmation de Dieu se démarque : « N’allez pas les attaquer, car je ne vous donnerai rien dans leur pays, pas même de quoi poser le pied. En effet, j’ai donné la région montagneuse de Séir en possession à Esaü. » (2.5). Dieu dit la même chose des territoires de Moab (2.9) et d’Ammon (2.19) : Israël ne doit pas les combattre parce que Dieu leur a donné ce pays en possession. Le terme clé ici est « possession » et le verbe hébreu indique à la fois possession et dépossession. Ce passage de Deutéronome parle d’un peuple possédant le pays et dépossédant un autre peuple, ayant reçu le pays de Dieu. Marcher sur une terre et marcher autour de la terre constituent la prise de possession.

De façon surprenante, le schéma du don d’un territoire qui s’applique à Israël à travers le livre de Deutéronome s’applique ici à trois autres nations. Pour Israël, Dieu donne le pays et tout ce qu’il contient. Et Dieu exige qu’Israël donne en retour. Dans ce traité ou cette alliance, Israël reçoit le pays en possession pour qu’il puisse prospérer et être rassasié. * Mais le pays constitue une tentation pour oublier celui qui est à l’origine du don. Au lieu de cela, Israël doit rendre hommage à Dieu de trois façons : il ne doit pas façonner d’images d’autres dieux ; il doit poursuivre les pratiques du sabbat en libérant les esclaves et en laissant la terre reposer ; et il doit préserver la justice en faveur des personnes marginalisées de la communauté. *

Dans quelle mesure ce schéma s’applique-t-il aux autres nations ? Il est clair que Dieu donne les territoires en possession et que Dieu permet la dépossession de ces territoires. Cela a-t-il à voir avec certaines exigences d’adoration juste, de respect du sabbat et de pratique de la justice ? Dans un autre passage de Deutéronome, Moïse précise à Israël que l’Eternel ne leur donne pas le pays à cause de leur droiture ni à cause de leur justice mais à cause de la méchanceté des nations que l’Eternel chasse (9.4–5). Il semble effectivement que Dieu a des exigences envers les nations autres qu’Israël ; il les bénit par la possession du pays s’ils pratiquent la justice et la droiture et il les maudit par la dépossession du pays s’ils ne pratiquent pas la justice et la droiture.

Il existe des raisons derrière le refus des dépossessions hâtives dans le récit, où des peuples entiers meurent dans un contexte où Dieu est le premier acteur. * Mais s’il peut y avoir un soulagement dans ces destructions rapides et troublantes de personnes, cela peut venir de deux sources. Tout d’abord, le peuple d’Israël en tant qu’instrument de Dieu, fait l’expérience du jugement lorsqu’ils ne font pas confiance en Dieu et l’ancienne génération meurt dans le désert (2.14–15). Ensuite, comme cité plus tôt, Moïse clarifie le fait qu’Israël ne possède pas le pays à cause de son attitude irréprochable mais parce que les nations qui l’ont précédé n’ont pas été justes et droites (9.4–5). Ce qui apparaît clairement, c’est que Dieu ne permet pas que l’injustice se poursuive indéfiniment dans le pays que Yahweh donne. En effet, l’amour pour le gēr qui dépasse la justice est au cœur même de la justice que Dieu exige dans Deutéronome. Cet amour pour le gēr reflète l’amour de Dieu pour le peuple de Dieu en tant que migrants, comme nous l’avons vu précédemment.

Autour du grand récit du peuple de Dieu, Deutéronome 2 donne des indices concernant les questions d’intégrité nationale : les territoires nationaux jouent effectivement un rôle dans les desseins divins bien que cela se fasse d’une manière soigneusement délimitée. Le Dieu révélé à Israël, le Dieu de toute la terre, accorde des territoires aux peuples de sorte qu’ils puissent jouir de ses fruits. Ces territoires sont là pour qu’ils y marchent et qu’ils les possèdent, ce sont des territoires délimités par des frontières. Et pourtant, Dieu attend un don en retour. Et dans le cas d’Israël, cela signifie l’adoration juste, l’observation du sabbat et de la justice pour celui qui est vulnérable. Autrement, ils seront dépossédés de leur pays. Ce passage ne dit pas, et peut-être que la même chose peut s’appliquer à Edom, Moab et Ammon, ou même aux exemples cités plus haut de la Colombie, de l’Allemagne, des Philippines, des États-Unis ou de l’Érythrée : Dieu accorde des territoires aux nations, mais si elles ne suivent pas Dieu et n’observent pas la justice de Dieu, Dieu permettra qu’une autre nation prenne cette terre. Au cœur même de la justice de Dieu, un amour pour le migrant est révélé et peut-être que ce critère est également exigé des nations de notre ère. Si une nation néglige la justice de Dieu, une justice qui implique la protection du vulnérable et du migrant, cette nation-là risque de perdre son territoire. Cependant, il s’agit là du même Dieu qui est à l’écoute de Moïse qui plaide pour Israël afin que Dieu ne le punisse pas pour sa rébellion (Deut 10.10–11, puis 9.6–10.6).

Le peuple de Dieu a un rôle à jouer ici. En tant que communauté de migrants, ils savent que ceux qui n’adorent pas Dieu ne savent pas. Alors qu’ils viennent humblement devant Dieu pour recevoir les dons abondants dans l’adoration, ils montrent que les êtres humains n’ont finalement rien à revendiquer devant Dieu, aucun droit de faire ce qu’ils veulent avec le pays, aucun droit pour gouverner comme ils l’entendent. Le peuple de Dieu a pour tâche de rappeler aux autorités civiles que le pays appartient à Dieu, que c’est Dieu qui le donne et qui le retire. En priant pour les responsables et pour tous ceux qui occupent une position d’autorité, tout comme Paul appelle Timothée à le faire (1 Tim 2.1–2), ils indiquent clairement que les dirigeants sont au service d’un dirigeant plus grand encore, que les présidents et les parlements ont des comptes à rendre à Jésus-Christ en tant que juge.*

Les nations devraient-elles avoir autant d’assurance à s’opposer aux migrations illégales ? Ce passage suggère que la gestion de l’immigration est légitime, c’est une activité accordée par Dieu pour notre ère, mais que la possession du territoire est un don de Dieu. Si la justice ne triomphe pas, si les dons abondants ne sont pas partagés et peut-être si la justice et les dons ne sont pas accordés au migrant, Dieu peut alors déposséder cette nation injuste et parcimonieuse. L’assurance dans la gestion de l’immigration est placée à tort lorsque les autorités échouent à satisfaire son propriétaire divin.

Les migrants et l’université

Après avoir traité de la question des nations et de leurs territoires, qu’en est-il de l’université ? En tant qu’hommes et femmes qui migrent de loin pour étudier, quelle est la perception qu’ont les étudiants et les professeurs croyants de l’université ? Dans la mesure où ce texte est rédigé pour l’Union internationale des Groupes Bibliques Universitaires, il vaut la peine de réfléchir à la manière dont la vie universitaire peut être façonnée, en rapport avec l’adoration d’un Dieu qui accorde refuge à un peuple migrant.

Ce n’est pas nouveau : les universités attirent des étudiants de l’ensemble d’un pays et de l’étranger. Depuis ses débuts, l’université est un lieu de rassemblement, une destination pour la migration. Dans l’université la plus ancienne du monde anglophone, l’Université d’Oxford, aujourd’hui plus de soixante pour-cent des dix mille étudiants en deuxième et troisième cycles viennent d’autres pays. Mais cela ne fait que répéter une pratique établie depuis longtemps. * Depuis les environs du onzième siècle, les étudiants ont voyagé vers Oxford pour se rassembler autour de maîtres, quittant leur foyer pour un nouvel endroit. Des groupes d’étudiants vivant ensemble venus d’Écosse, du Pays de Galles et d’Irlande sont recensés en 1238 et avant cela en 1190, le premier étudiant du continent européen est recensé : Emo venu de la province de la Frise pour étudier le droit. *

Ce sont d’ailleurs des problèmes rencontrés par les migrants à Oxford qui ont conduit à l’instauration officielle de l’Université d’Oxford. En 1209, un étudiant tue sa maîtresse et fuit. Les autorités de la ville pendent deux hommes ayant vécu avec lui, comme complices du crime. Les maîtres ou les enseignants s’y opposent, non parce qu’ils approuvent le meurtre mais par volonté de protéger l’indépendance de l’université des autorités extérieures. Dans le cadre d’un règlement conclu en 1214, l’indépendance est non seulement garantie par la nomination d’une direction plus forte de l’université, un chancelier sous l’évêque de Lincoln, mais par ailleurs d’autres garanties sont mises en place pour assurer le bien-être des étudiants. Ces universitaires migrants louaient des biens auprès de propriétaires locaux ; ces propriétaires fixaient cependant les prix à des niveaux artificiellement élevés. Par conséquent, le règlement a réduit le loyer de moitié en dix ans. La ville était également tenue de fournir un fonds pour les étudiants ayant des besoins financiers. *

De fait, un regroupement d’écoles est ensuite devenu ce qui en latin s’appelait un universitas. Cela n’a pas le sens de ce que nous entendons aujourd’hui, une institution où de nombreuses matières sont étudiées. Au lieu de cela, universitas signifiait une société ou une compagnie. Il s’agissait d’un genre de société mise en place pour protéger les universitaires qui généralement louaient des logements dans une ville où ils avaient migré. La fondation d’une université a permis aux gens de quitter leurs villages, leurs villes et leurs pays pour effectuer le déplacement à Oxford où ils allaient étudier la loi romaine et la loi de l’Église, la théologie, la médecine et l’art.*

L’Oxford médiéval n’était pas un paradis pour l’apprenant. Il était dangereux de sortir la nuit, le crime était une véritable menace et de temps à autres, des bagarres de rue éclataient. L’université était divisée en « nations » : les personnes du nord de l’Angleterre étaient ensemble et les personnes du sud de l’Angleterre et de l’Irlande étaient ensemble. Ces nations se bagarraient parfois, ainsi que les citadins et les universitaires de temps à autre : le conflit « town and gown » d’origine, c’est-à-dire entre le milieu universitaire et le grand public. * Le vol, la prostitution et l’ivrognerie étaient courants.*

Ce n’était pas une société multiculturelle pacifique, mais elle était prometteuse. Et elle a continué à attirer des universitaires de partout. En 1429, les armoiries de l’université déclaraient l’endroit de sa confiance : Dominus illuminatio mea, « L’Eternel est ma lumière » tiré du Psaume 27.1.* Cette devise, toujours utilisée aujourd’hui, reconnaît que l’Eternel Dieu est celui qui illumine l’étudiant, qui fait briller la lumière dans les ténèbres et qui met la vérité en lumière.

Aujourd’hui, les universités restent la destination de personnes en cheminement. Tout du moins, des hommes et des femmes quittent leur quartier pour aller en ville ou une autre partie de la ville ; ils étudient aux côtés de personnes d’autres quartiers de la ville. Bien souvent, les étudiants quittent leur ville, leur région et leur pays pour apprendre et être formés.

L’un des grands mérites de l’université est intimement lié à sa nature de société de migrants. C’est l’occasion qu’elle offre d’être à l’écoute d’autres. A première vue, l’art et les sciences humaines semblent être les matières les moins utiles à l’université mais ils ont leur utilité propre. Le théologien Nigel Biggar écrit « qu’ils nous présentent les mondes étrangers ». Les sciences humaines donnent aux universitaires une capacité de se distancer de leur cadre présent afin d’en faire une critique. Les étudiants trouvent d’autres façons de faire les choses et ces rencontres leur donnent des « ressources vitales pour le renouvellement social, culturel et moral » selon Biggar.

Elles font plus encore selon lui.

L’art et les sciences humaines ne présentent pas uniquement les mondes étrangers, ils nous enseignent à bien les considérer. Ils nous enseignent à lire des textes étranges et insurmontables avec patience et soin ; à être confrontés à des idées et des pratiques étrangères avec humilité, docilité et charité ; à entrer en contact avec des mondes étrangers avant de nous mettre, comme il se doit, à les juger. Ils nous forment à la pratique du dialogue honnête, dans le respect de « l’Autre », celui qui est potentiellement prophète, celui qui pourrait nous transmettre une parole nouvelle sur ce qui est vrai, bon et beau. *

À l’université, une rencontre avec des mondes étrangers développe certaines vertus, Biggar dit : une humilité face à la vérité, la patience et la charité. Peut-être tout aussi importante que la rencontre avec des mondes étrangers dont il fait mention, est la rencontre avec les étrangers eux-mêmes. Les universités façonnent leurs membres à travers les personnes qu’elles y rencontrent. Alors que les étudiants et les professeurs apprennent à connaître des personnes d’autres parties du pays et d’autres pays, ils ont l’occasion d’apprendre à écouter et à être prêtes à recevoir la sagesse d’une autre personne. Ils ont aussi l’occasion de respecter et d’aimer les autres.

Ce qui se passe à l’université trouve un parallèle dans l’adoration chrétienne. Ceux qui adorent apprennent à écouter la parole de Dieu, à accepter la parole d’un autre comme étant vraie et source de vie. Les adorateurs apprennent à traiter des textes et des personnes comme porteurs d’un message de Dieu. L’étude et l’adoration à la fois partagent en commun une attitude d’écoute d’une personne de l’extérieur et d’un changement opéré par cette personne extérieure. Et dans l’étude et l’adoration, les participants sont des migrants d’une certaine manière, migrant vers un lieu d’étude, migrant à travers l’imagination d’autres mondes ou migrants en tant que peuple saint.

L’histoire de Dieu nous amène donc à une réponse renouvelée envers le migrant. L’expérience du migrant n’est pas étrangère à Dieu et au peuple de Dieu : au lieu de cela, dans les Écritures, les adorateurs entendent parler d’un Dieu qui migre et qui rassemble un peuple de migrants. L’amour de Dieu pour les migrants est au premier plan de la justice de Dieu et va bien au-delà. Et Dieu commande à la fois au peuple de Dieu d’aimer les migrants et leur promet qu’ils aimeront les migrants. Autour de cette histoire, nous pouvons mieux comprendre d’autres questions soulevées. S’agissant de personnes qui immigrent sans permission, l’histoire de Deutéronome semble suggérer que les nations reçoivent un pays à protéger mais que ce pays demeure celui de Dieu et qu’ils doivent le garder en étant généreux et justes, même envers les migrants. S’agissant de l’université, ce sont des regroupements de migrants qui viennent étudier, qui ont l’opportunité de rencontrer l’étranger et d’être changés par eux.


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Questions de discussion

Dieu et le peuple de Dieu

Lecture : Deutéronome 10:12-22; 1 Pierre 1:1-2, 2:4-12

  1. Vous considérez-vous comme un migrant ? Etes-vous descendants de migrants ?
  2. Connaissez-vous personnellement des migrants ?
  3. De quelle manière les gens qui vous entourent parlent-ils des migrants ?
  4. En quoi la louange à un Dieu qui aime le migrant influe votre perspective sur la question des migrations ?
  5. Quel sens donner à la recherche de la justice pour les migrants ?
  6. Que signifie aimer les migrants ?
  7. Votre église locale inclut-elle des migrants ou entretient-elle des relations avec les migrants d’une manière ou d’une autre ? Existe-t-il des occasions pour votre église de rechercher la justice pour les migrants et d’aimer les migrants ?

Les migrants et les territoires nationaux

Lecture : Deutéronome 2:1-25

  1. Pensez-vous que devant Dieu, les nations ont le droit de gérer l’immigration ?
  2. De quelle manière les autorités peuvent-elles montrer qu’elles relèvent du Christ le roi dans leur manière de gérer l’immigration ?

Les migrants et l’universite

Lectures : Un bref historique de votre université ou des statistiques des origines de ses étudiants ; Nigel Biggar « What Are Universities For?, » Standpoint, August 2010

  1. D’où les personnes venant étudier et travailler dans votre université viennent-elles ? Viennent-elles d’autres quartiers de votre ville, d’autres endroits de votre région ou de votre pays, ou d’autres pays ?
  2. Quelles opportunités se présentent à vous à l’université dans vos rencontres avec des personnes venues d’autres endroits ?
  3. Votre mouvement chrétien étudiant comprend-il des personnes venues d’autres endroits et d’autres pays ? De quelles manières votre mouvement montre-t-il de l’amour pour les migrants et cherche-t-il la justice pour eux ?

Lectures complementaires

Quelques exemples de travaux sur la migration rédigés pour le grand public par des spécialistes de tradition évangéliqueLes conclusions diffèrent selon les auteurs 

  • Carroll R., M. Daniel. Christians at the Border: Immigration, the Church, and the Bible. 2nd ed. Grand Rapids, Mich.: Brazos Press, 2013. 
  • Hoffmeier, James K. The Immigration Crisis: Immigrants, Aliens, and the Bible. Wheaton, Ill.: Crossway, 2009. 
  • Immigration and Justice: How Local Churches Can Change the Debate on Immigration in Britain. Cambridge: Jubilee Centre, 2015. 
  • Moucarry, Chawkat. From Exclusion to Embrace: Bible Studies in Interfaith Engagement. World Vision, 2016. 
  • National Association of Evangelicals (U.S.A.). Immigration: A Policy Resolution,” 2009. 
  • On the Road: A Journey through the Bible for MigrantsUnited Bible Societies, 2008. Disponible dans de nombreuses langues.  
  • Park, Nick. Ministry to Migrants and Asylum Seekers: A Guide for Evangelical Churches. Dublin: Evangelical Alliance Ireland, 2015. 
  • Soerens, Matthew, et Jenny Hwang Yang. Welcoming the Stranger: Justice, Compassion & Truth in the Immigration Debate. Downers Grove, Ill.: InterVarsity Press, 2009. 
  • Spencer, Nick. Asylum and Immigration: A Christian Perspective on a Polarized Debate. Bletchley, Bucks.: Paternoster, 2004. 

Autres travaux sur le thème « migration et théologie »de tradition évangélique et autres traditions chrétiennes, populaires ou universitaires : 

  • Ahn, Ilsup. Religious Ethics and Migration: Doing Justice to Undocumented Workers. New York: Routledge, 2014. 
  • Azaransky, Sarah, Ed. Religion and Politics in America’s Borderlands. Lanham, Md.: Lexington Books, 2013. 
  • Bretherton, Luke. Hospitality as Holiness: Christian Witness amid Moral Diversity. Aldershot: Ashgate, 2006. 
  • Bretherton, Luke. “National: Christian Cosmopolitanism, Refugees, and the Politics of Proximity.” Dans Christianity and Contemporary Politics: The Conditions and Possibilities of Faithful Witness, 126–74. Oxford: Wiley-Blackwell, 2010. 
  • Burnside, Jonathan P. The Status and Welfare of Immigrants: The Place of the Foreigner in Biblical Law and Its Relevance to Contemporary Society. Cambridge: Jubilee Centre, 2001. 
  • Carmona, Victor. “Theologizing Immigration.” Dans The Wiley Blackwell Companion to Latino/a Theologyédité par Orlando O. Espín, 365–85. Chichester, West Sussex: Wiley Blackwell, 2015. 
  • Carroll R., M. Daniel, et Leopoldo A. Sánchez M., eds. Immigrant Neighbours Among Us: Immigration Across Theological Traditions. Eugene, Ore.: Pickwick, 2015. 
  • Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des personnes en déplacement. “Erga migrantes caritas Christi: La charité du Christ envers les migrants,” 2004. 
  • Corbett, Jim. The Sanctuary Church. Wallingford, Pa.: Pendle Hill Publications, 1986. 
  • Cruz, Gemma Tulud. An Intercultural Theology of Migration: Pilgrims in the Wilderness. Leiden: Brill, 2010. 
  • ———. Toward a Theology of Migration: Social Justice and Religious Experience. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2014. 
  • Cuéllar, Gregory Lee. Voices of Marginality: Exile and Return in Second Isaiah 40-55 and the Mexican Immigrant Experience. 2ème ed. New York: Peter Lang, 2008. 
  • Daniel, Ben. Neighbour: Christian Encounters with “Illegal” Immigration. Louisville, Ky.: Westminster John Knox Press, 2010. 
  • Edwards, Jr., James R. “A Biblical Perspective on Immigration Policy.” Dans Debating Immigrationédité par Carol M. Swain, 46–62. Cambridge: Cambridge University Press, 2007. 
  • Groody, Daniel G. Border of Death, Valley of Life: An Immigrant Journey of Heart and Spirit. Celebrating Faith. Lanham, Md.: Rowman & Littlefield, 2002. 
  • Groody, Daniel G., et Gioacchino Campese, Eds. A Promised Land, a Perilous Journey: Theological Perspectives on Migration. Notre Dame: University of Notre Dame Press, 2008. 
  • Hanciles, Jehu. Beyond Christendom: Globalization, African Migration, and the Transformation of the West. Maryknoll, N.Y.: Orbis Books, 2008.  
  • Heyer, Kristin E. Kinship Across Borders: A Christian Ethic of Immigration. Washington, D.C.: Georgetown University Press, 2012. 
  • Houston, Fleur S. You Shall Love the Stranger as Yourself: The Bible, Refugees and Asylum. Londres: Routledge, 2015. 
  • Moucarry, Georges Chawkat. “The Alien According to the Torah.” Traduit par Joye Smith. Themelios 14 (1988): 17–20. 
  • Moucarry, Chawkat. “Love the Immigrant as Yourself.” Dans Faith to Faith: Christianity & Islam in Dialogue, 283–89. Leicester: Inter-Varsity, 2001. 
  • Egalement publié sous le nomThe Prophet & the Messiah: An Arab Christian’s Perspective on Islam & Christianity. Downers Grove, Ill.: InterVarsity Press, 2002. 
  • Myers, Ched, et Matthew Colwell. Our God Is Undocumented: Biblical Faith and Immigrant Justice. Maryknoll, N.Y.: Orbis Books, 2012. 
  • Nanko-Fernández, Carmen. “Beyond Hospitality: Implications of (Im)migration for Teología y Pastoral de Conjunto.” Dans Theologizing En Espanglish: Context, Community, and Ministry, 110–19. Maryknoll, N.Y.: Orbis Books, 2010.  
  • ———. “Corpus Verum: Toward a Borderland Ecclesiology.” Dans Building Bridges, Doing Justice: Constructing a Latino/a Ecumenical Theologyédité par Orlando O. Espín, 167–84. Maryknoll, N.Y.: Orbis, 2009. 
  • Nguyen, vanThanh, et John M. Prior, Eds. God’s People on the Move: Biblical and Global Perspectives on Migration and Mission. Eugene, Ore.: Pickwick Publications, 2014. 
  • Padilla, Elaine, et Peter C. Phan, Eds. Contemporary Issues of Migration and Theology. Christianities of the World. New York: Palgrave Macmillan, 2013. 
  • ———. Theology of Migration in the Abrahamic Religions. Christianities of the World. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2014. 
  • Pantoja, Jr., Luis, Sadiri Joy B. Tira, and Enoch Wan. Scattered: The Filipino Global Presence. Manila: Lifechange Publishing, 2004. 
  • Pohl, Christine D. Making Room: Recovering Hospitality as a Christian Tradition. Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 1999. 
  • Rose, Ananda. Showdown in the Sonoran Desert: Religion, Law, and the Immigration Controversy. New York: Oxford University Press, 2012. 
  • Ruiz, Jean-Pierre. Readings from the Edges: The Bible and People on the Move. Maryknoll, N.Y.: Orbis, 2011. 
  • Sarat, Leah. Fire in the Canyon: Religion, Migration, and the Mexican Dream. New York: New York University Press, 2013. 
  • Snyder, Susanna. Asylum-Seeking, Migration, and Church. Farnham, Surrey: Ashgate, 2012. 
  • Spina, Frank Anthony. “Israelites as Gērîm, ‘Sojourners,’ in Social and Historical Context.” In The Word of the Lord Shall Go Forth: Essays in Honour of David Noel Freedman in Celebration of His Sixtieth Birthdayédité par Carol L. Meyers et Michael Patrick O’Connor, 321–35. Winona Lake, Ind.: Eisenbrauns, 1983. 
  • De La Torre, Miguel A. Trails of Hope and Terror: Testimonies on Immigration. Maryknoll, N.Y.: Orbis Books, 2009. 
  • Wilbanks, Dana W. Re-Creating America: The Ethics of U.S. Immigration and Refugee Policy in a Christian Perspective. Nashville: Abingdon Press, 1996. 
  • Woods, Paul. Theologising Migration: Otherness and Liminality in East Asia. Oxford: Regnum Books International, 2015. 

Notes de bas de page

[1]Chavez Leo R., Shadowed Lives: Undocumented Immigrants in American Society, 3rd ed. (Belmont, Calif.: Wadsworth, 2012); Jeffrey S. Passel and D’Vera Cohn, « Le nombre total d’immigrants sans autorisation augmente dans sept états et chute dans quatorze états » (Washington, D.C.: Pew Hispanic Center, 18 novembre 2014), http://www.pewhispanic.org/2014/11/18/unauthorized-immigrant-totals-rise-in-7-states-fall-in-14/.

[2] Mogos O. Brhane, « Understanding Why Eritreans Go to Europe, » traduction : « Comprendre pourquoi les Erythréens vont en Europe »Forced Migration Review, no. 51 (January 2016): 34–35.

[3] Miller Patrick D., Deuteronomy, Interpretation, a Bible Commentary for Teaching and Preaching (Louisville: John Knox Press, 1990), 125; J. G. McConville, Deuteronomy, Apollos Old Testament Commentary 5 (Leicester, England: Apollos; Downers Grove, Ill.: InterVarsity Press, 2002), 199–200.

[4] Frank Anthony Spina soutient que le terme hébreu gēr associe le séjour avec des expériences de conflit et de crainte. Il pense que le terme représente une personne qui vient de loin, qui échappe à un conflit et qui s’installe dans un lieu où elle peut encore faire l’expérience de la peur. Il traduit le terme comme « immigrant » mais dans la mesure où, à son avis, ceci inclut des personnes de l’intérieur et de l’extérieur de la nation d’Israël qui ont quitté leur lieu d’origine, le terme « migrant » semble plus approprié, « Israelites as Gērîm, ‘Sojourners,’ in Social and Historical Context, » dans The Word of the Lord Shall Go Forth: Essays in Honor of David Noel Freedman in Celebration of His Sixtieth Birthday, édité par Carol L. Meyers and Michael Patrick O’Connor (Winona Lake, Ind.: Eisenbrauns, 1983), 323, 325–27.

Mark A. Awabdy s’accorde avec Spina, Immigrants and Innovative Law: Deuteronomy’s Theological and Social Vision for the Gēr (Tübingen: Mohr Siebeck, 2014), 1–5.

Christoph Bultmann voit le gēr comme étant un membre d’une classe d’Israélites sans terre ou sans famille, Der Fremde im antiken Juda: eine Untersuchung zum sozialen Typenbegriff gēr und seinem Bedeutungswandel in der alttestamentlichen Gesetzgebung (Göttingen: Vandenhoeck & Ruprecht, 1992). José E. Ramírez Kidd voit le gēr comme quelqu’un qui fuit le royaume du Nord d’Israël après la chute de la Samarie en 721 avant JC, Alterity and Identity in Israel: The gēr in the Old Testament (Berlin: De Gruyter, 1999), 5–6.

Christiana van Houten voit le gēr comme un non-Israélite dans Deutéronome et comme un converti dans la loi sacerdotale qu’elle voit apparaître après l’exil d’Israël, The Alien in Israelite Law (Sheffield: J.S.O.T. Press, 1991), 106–108, 155–157. Spina fait valoir de manière convaincante que les récits des patriarches, étrangers à Canaan et autour de Canaan et d’Israël, puis d’Israël en tant qu’étrangers en Egypte, n’ont pu prendre naissance au cours de l’exil puisque seul un passage fait référence à l’exil en tant qu’étranger: Esdras 1:4. Il ne peut pas non plus y avoir de raison qu’un récit d’étranger apparaisse au cours de l’installation d’Israël en Canaan, dit Spina. En revanche, le témoignage régulier des patriarches puis d’Israël en tant qu’étrangers et migrants, reflète la mémoire d’Israël d’une expérience en tant que migrants depuis le temps qui précède leur installation. C’est là la démonstration convaincante de Spina dans “Israelites as Gērîm,” 321–22, 329.

[5] Ndlt : cette note fait référence à des subtilités linguistiques des diverses versions de la Bible en langue anglaise. “Stranger” apparaît dans la version King James Version, la New Revised Standard Version, the New Jerusalem Bible, et la traduction tanakh translation. “Sojourner” apparaît dans la Revised Standard Version et la English Standard. “Alien” apparaît dans la New International Version (1984) et la New American Standard (1995). “Foreigner” ou “foreigner residing among you” apparaît dans la New International Version (2011) et la New Living Translation (2013).

[6] Selon la traduction de John H. Elliott, A Home for the Homeless: A Sociological Exegesis of 1 Peter, Its Situation and Strategy (Philadelphia: Fortress Press, 1981), 47; 1 Peter: A New Translation with Introduction and Commentary, Anchor Bible 37B (New York: Doubleday, 2000), 307, 354. Des spécialistes critiques remettent en cause la qualité d’auteur de l’apôtre Pierre pour l’épître à son nom, mais il y a de solides arguments en sa faveur.

[7] Elliott, A Home for the Homeless, 47; 1 Peter, 101, 312.

[8] Genèse 23:4 et Psaume 39:12 dans la Septante emploient la même expression, Paul J. Achtemeier, 1 Peter: A Commentary on First Peter, Hermeneia (Minneapolis: Fortress Press, 1996), 174.

[9] Elliott, A Home for the Homeless, 48–49.

[10] J. N. D. Kelly, A Commentary on the Epistles of Peter and of Jude, Black’s New Testament Commentaries (London: Black, 1969), 103; Elliott, 1 Peter, 312, 458–461.

[11] Elliott, 1 Peter, 101.

[12] Ibid., 459, 461.

[13] Elliott, A Home for the Homeless, 25, 194–204.

[14] Citation de 1 Pierre 2:9-10. L’anglais modifie un terme en suivant Kelly dans le commentaire A Commentary on the Epistles of Peter and of Jude, 82, 97; Elliott, 1 Peter, 408.Kelly (82, 97) and Elliott (2000, 408).

[15] Miller, Deuteronomy, 126; McConville, Deuteronomy, 200.

[16] Miller, Deuteronomy, 125; Moshe Weinfeld, Deuteronomy and the Deuteronomic School (Oxford: Clarendon Press, 1972), 66; Gerhard von Rad, Deuteronomy: A Commentary, traduit par Dorothea M. Barton (London: S.C.M., 1966), 83.

[17] Weinfeld, Deuteronomy and the Deuteronomic School, 289.

[18] Deut. 10:19 dans la traduction tanakh, il est écrit : « Vous devez aussi vous lier d’amitié avec l’étranger car vous étiez étrangers en terre d’Egypte » Adele Berlin, Marc Zvi Brettler, et Michael A. Fishbane, eds., The Jewish Study Bible (New York: Oxford University Press, 2004).

[19] Susanna Snyder, Asylum-Seeking, Migration, and Church (Farnham, Surrey: Ashgate, 2012), 136–7. L’approche que l’on a ici tient compte de l’argument de Snyder mais elle s’oppose au point de vue du chercheur biblique Jean-Pierre Ruiz qui avance qu’il n’y a pas une théologie de migration mais seulement de courtes histoires de migration, Readings from the Edges: The Bible and People on the Move (Maryknoll, N.Y.: Orbis, 2011), 5. L’approche ici suppose que parmi les nombreuses petites histoires de migration, certaines ont une valeur durable en tant qu’histoire du peuple aimé de Dieu tandis que d’autres servent uniquement pour un moment ou ont été une distraction à l’appel du peuple de l’alliance.

[20] Chawkat Moucarry traite de ce thème, “The Alien According to the Torah,” traduit par Joye Smith, Themelios 14 (1988): 18, 20.

[21] Magnus Ottosson, “גְּבוּל geḇûl; גׇּבַל gāḇal; גְּבוּלָה geḇûlâ,” dans The Theological Dictionary of the Old Testament, édité par G. Johannes Botterweck et Helmer Ringgren, traduit par J. T. Willis, vol. 2 (Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 1975), 361–66; McConville, Deuteronomy, 77, 79, 83, 84. James K. Hoffmeier est un auteur théologien rare qui met en relief les territoires et les frontières et conclut que « les nations pouvaient contrôler leurs frontières et elles l’ont fait et elles ont déterminé qui pouvait traverser leur territoire », The Immigration Crisis: Immigrants, Aliens, and the Bible (Wheaton, Ill.: Crossway, 2009), 33. Il a raison d’attirer l’attention sur ce phénomène mais il laisse peu de place à la critique sur la manière dont les communautés politiques gouvernent leurs frontières.

[22] Sur le territoire comme don accordé dans une alliance, voir J. G. McConville, Law and Theology in Deuteronomy, Journal for the Study of the Old Testament Supplement Series 33 (Sheffield: J.S.O.T., 1984), 11–13; Norman C. Habel, The Land Is Mine: Six Biblical Land Ideologies (Minneapolis: Fortress Press, 1995), 44; Norbert Lohfink, “יָרַשׁ yāraš; יְרֵשָׁה yerēšâ; יְרֻשָּׁה yeruššâ; מוֹרָשׁ môrāš; מוֹרָשָׁה môrāšâ,” dans The Theological Dictionary of the Old Testament, édité par G. Johannes Botterweck et Helmer Ringgren, traduit par David E. Green, vol. 6 (Grand Rapids, Mich.: Eerdmans, 1990), 385; Walter Brueggemann, The Land: Place as Gift, Promise, and Challenge in Biblical Faith, 2ème ed. (Philadelphia: Fortress Press, 2002), 46, 50; Bruce K. Waltke, An Old Testament Theology: An Exegetical, Canonical, and Thematic Approach (Grand Rapids, Mich.: Zondervan, 2007), 537; Weinfeld, Deuteronomy and the Deuteronomic School, 72.

[23] Ce résumé est tiré de Brueggemann, The Land, 58–61.

[24] Pour en savoir plus sur cette question, voir Christian Hofreiter, “Genocide in Deuteronomy and Christian Interpretation,” dans Interpreting Deuteronomy: Issues and Approaches, édité par David G. Firth et Philip S. Johnston (Nottingham: Apollos, 2012), 240–62; “Reading Herem as Christian Scripture” (D.Phil. Thesis, Faculty of Theology and Religion, University of Oxford, 2014).

[25] Sur la tâche de l’Église de rappeler, de faire penser et d’attirer l’attention sur le royaume de Dieu, voir le Synode confessionnel de l’Eglise évangélique d’Allemagne, “Barmen Declaration,” May 1934, para. 5, http://www.ekd.de/english/barmen_theological_declaration.html.

[26] “University of Oxford Facts and Figures – Full Version,” https://www.ox.ac.uk/about/facts-and-figures/full-version-facts-and-figures?wssl=1, consulté le 17 mars 2016

[27] J. I. Catto, “Citizens, Scholars, and Masters,” dans The Early Oxford Schools, édité par J. I. Catto, vol. 1, The History of the University of Oxford (Oxford: Oxford University Press, 1984), 175; R. W. Southern, “From Schools to University,” dans The Early Oxford Schools, édité par J. I. Catto, vol. 1, The History of the University of Oxford (Oxford: Oxford University Press, 1984), 17–19.

[28] Southern, “From Schools to University,” 26, 30.

[29] M. B. Hackett, “The University as a Corporate Body,” dans The Early Oxford Schools, édité par J. I. Catto, vol. 1, The History of the University of Oxford (Oxford: Oxford University Press, 1984), 38, 40, 50; David Knowles, The Evolution of Medieval Thought, édité par C. N. L. Brooke et D. E. Luscombe, 2ème ed. (London: Longman, 1988), 139–40; C. H. Lawrence, “The University in State and Church,” dans The Early Oxford Schools, ed. J. I. Catto, vol. 1, The History of the University of Oxford (Oxford: Oxford University Press, 1984), 133.

[30] Hackett, “The University as a Corporate Body,” 65.

[31] Catto, “Citizens, Scholars, and Masters,” 162, 185.

[32] C’est ce qu’Hackett dit, “The University as a Corporate Body,” 94. Geoffrey Briggs rapporte une toute autre lecture du livre de l’armoirie plus tard en 1574: In principio erat verbum et verbum erat apud Deum, tiré de Jean 1:1, Civic & Corporate Heraldry: A Dictionary of Impersonal Arms of England, Wales, & N. Ireland (London: Heraldry Today, 1971), 294–295. Quel que soit l’argument, la référence à Jean 1:1 regarde à Christ comme étant parole dans une université dédiée aux mots et la devise Deus illuminatio mea est la devise actuelle, avec une attestation médiévale.

[33] Nigel Biggar, “What Are Universities For?,” Standpoint, août 2010, http://www.standpointmag.co.uk/node/3156/full.

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