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S’impliquer : persécution et souffrance

Comment devrions-nous prier et nous préparer à demeurer fidèle dans la souffrance ?

Si vous aviez marché à travers les plaines de Ninive, il y a 2 500 ans, vous auriez peut-être remarqué la présence d’un prophète récalcitrant ayant trouvé refuge à l’ombre d’un ricin. Beaucoup de choses se sont passées depuis. Au cours des siècles récents, c’est à cet endroit même qu’une des plus anciennes communautés chrétiennes du monde s’était établie. Toutefois, après que le groupe Etat islamique (EI) se soit installé dans la région, 125 000 chrétiens ont été contraints de fuir la ville de Mossoul et ses contrées avoisinantes.

La persécution et les souffrances imposées aux chrétiens dans le monde actuel prennent différentes formes et les étudiants et membres du personnel de l’IFES n’en sont pas épargnés.

Dans un récent numéro du journal de l’IFES Parole et Monde consacré à cet enjeu, différentes situations ont été soulevées à l’aide des questions suivantes : Est-ce légitime de riposter pour défendre ceux qu’on aime ? En quoi nos maisons abandonnées sont-elles liées à notre identité et notre foi ? Que pouvons-nous apprendre des nombreux martyrs qui nous ont précédés ? Que faire quand Dieu demeure silencieux ? Comment faire le deuil des biens que nous avons perdus ?

Nous avons procédé à un bref survol de ces enjeux ici pour votre bénéfice. Si possible, prenez le temps de lire le numéro complet de Parole et Monde, et réfléchissez à comment vous pourriez utiliser ces articles pour susciter une discussion, une réflexion et la prière au sein de votre groupe étudiant ou votre Église locale.

« En effet, ce qu’il y a de plus dangereux dans la persécution n’est pas la menace à la vie d’une personne mais plutôt la menace à la foi d’une personne. » Nazek Matty

Quelle forme la souffrance prend-elle aujourd’hui ?

Sister Nazek Matty, Iraq :

On ne s’attendait pas à ce que l’État islamique pénètre la zone que les chrétiens croyaient bien protégée depuis des siècles, par ses églises, ses lieux sacrés et ses saints. Personne ne croyait que la ville serait balayée de ses chrétiens en l’espace de quelques jours. Les chrétiens ont été confrontés à une réalité qu’ils n’avaient jamais envisagée. Ils sont loin de leur terre. Ils sont en exil, pleurant sur leur passé et craignant l’avenir.

Bishop Benjamin Kwashi, Nigéria :

Au cours des trente dernières années environ, le nord du Nigéria a vu une série d’émeutes, de persécution et de destruction. Par moments, des familles ou des communautés entières ont été décimées. Parfois, il s’agissait d’individus qui se trouvaient simplement au mauvais endroit au mauvais moment et qui ont refusé de renier le Christ en choisissant plutôt d’être tués. Dans la grande majorité des cas, les noms de ces martyrs ne seront connus et commémorés uniquement par leurs proches et par le Seigneur. Certains étaient des personnes qui œuvraient à la paix et à la réconciliation entre les musulmans et les chrétiens. Certains étaient pasteurs. Certains étaient des membres d’églises.

Groupes Bibliques du Gabon :

Des membres du personnel des Groupes Bibliques du Gabon ont été pris dans les violences qui ont suivi l’élection présidentielle contestée d’août 2016. Jean Ping, leader de l’opposition, a perdu face au président en fonction Ali Bongo par moins de 6 000 voix. Convaincu d’avoir gagné, Ping demanda à ce que les votes soient recomptés. La violence qui s’en est suivie découle de ce qu’un journal important appelle « une colère populaire fermement ancrée », causée par les méthodes répressives de Bongo et les soupçons de corruption pesant sur lui. Les partisans de Ping ont mis le feu à l’Assemblée nationale et l’armée a brûlé le QG de Ping. Nesmy Bersot Mvé Nguéma, Secrétaire national du GBG, a écrit un article du Gabon pour le blog de l’IFES ici. Peu après sa rédaction, la Cour constitutionnelle confirma la victoire d’Ali Bongo, après avoir recompté les votes.

Comment devrions-nous réagir ?

Nesmy Bersot Mvé Nguéma, Gabon:

Matthieu 5.10 dit : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux ! Le verset établit un lien inséparable entre le bonheur, la justice, la persécution et la souffrance. Mais, il nous met surtout devant deux questions importantes de notre martyr (témoignage) : de quelle persécution souffrons-nous ? Comment appréhendons-nous la persécution et la souffrance pour la justice ?

J’ai été en butte à cette justice les deux précédentes années. Ce n’est pas que j’étais ignorant de la volonté de Dieu à mon sujet, mais je craignais de perdre la situation sociale confortable que je m’étais octroyée depuis que je travaillais à temps partiel dans le ministère. Je craignais de manquer de moyens et de pouvoir suffisants pour faire bouger les lignes. Je craignais également d’être guidé par ma propre vanité et mes ambitions. Il me fallait la direction de Dieu pour tout concilier.

Mon crédo est que « Si je dois mourir, je veux que ce soit pour une cause juste. Or, il n’y en a qu’une : l’Évangile. Car, même si notre Dieu ne nous délivre pas, nous préférons de loin mourir par obéissance que de vivre par la trahison. Lire la suite

Michael Jensen, Australie :

Le martyre chrétien ne s’accompagne pas d’anesthésie. Il n’est pas dénué de chagrin, de souffrance, de désespoir ou de doute. Il est laid. Il voyage à travers l’enfer. Il est cependant rendu puissant par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts.

Le témoignage des martyrs n’est pas juste pour ceux qui vivent sous la menace d’une violente persécution. C’est tout autant pour ces chrétiens qui vivent dans des maisons confortables et qui travaillent dans des bureaux climatisés. La vie chrétienne a la forme d’une croix. Tout comme Dietrich Bonhoeffer a une fois dit : « La croix est pour tout chrétien » et cela comprend ceux qui ne sont pas confrontés à la mort pour leur foi.

Le martyre chrétien nous montre que la vie chrétienne est en tout temps et en tout lieu une mort à soi et que la gloire de cette mort à soi est vraiment cachée. Nos petits moments du quotidien où nous disons « non » au monde, ou les temps où nous portons le fardeau des autres ou lorsque nous nous donnons pleinement dans le service, ces moments ne sont souvent pas applaudis. Le coût de ces choses pour nous, bien que n’étant pas aussi élevé que la mort en soi, est réel. La vie chrétienne fait mal. Lire la suite

Hwa Yung, Malaisie :

En résumé, le constat est qu’aujourd’hui, nous sommes confrontés à des persécutions religieuses d’une ampleur sans précédent, dirigées contre toutes les religions, et particulièrement contre les chrétiens. En de nombreux endroits, ces persécutions ont pris des proportions génocidaires. Pourtant, le récit dominant que l’Eglise mondiale utilise comme réponse à la persécution reste celui de la fidèle endurance. Malgré le rôle important joué par la tradition de la guerre juste dans l’histoire du christianisme, peu d’effort a été fourni pour appliquer les mêmes principes au génocide dans le cadre de la persécution.

Au cours d’une discussion avec quelques Chrétiens nigérians qui faisaient face à des incendies prémédités d’églises et des meurtres de grande ampleur, un ami avait suggéré qu’ils devraient songer à appliquer la tradition de la guerre juste dans l’optique de l’autodéfense dans une telle situation. Étonnamment, on lui a dit qu’ils n’en avaient jamais entendu parler ! La tradition de la guerre juste est acceptée de manière globale par la majorité des Catholiques et des Protestants, particulièrement lorsqu’il s’agit de lutter contre des agressions immorales et de défendre des innocents.

Ce problème est non seulement régional ou national ; il est également local. Par exemple, selon des témoignages anecdotiques provenant de divers endroits, les églises et communautés protégées par des groupes chrétiens d’autodéfense étaient moins susceptibles d’être brûlées ou attaquées. Mais le danger toujours présent dans ce cas est celui de basculer de la juste défense et de la protection des communautés religieuses vulnérables vers la vengeance et l’agressivité incontrôlée envers les persécuteurs. Lire la suite

Bishop Benjamin Kwashi, Nigéria:

Un évangile qui n’a pas d’effet dans la vie des gens, qui n’a pas de puissance de transformation, n’est pas le vrai Évangile ou l’Évangile au complet. Quelles que soient les conditions qui nous entourent, n’oublions jamais : nous avons un Évangile pour lequel il vaut la peine de vivre et un Évangile pour lequel il vaut la peine de mourir ! Lire la suite


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À quoi ressemblent la persécution et la souffrance dans votre contexte ou un autre milieu que vous connaissez bien ? Comment réserver du temps et prier pour l’Église persécutée à travers le monde ?

Pour en apprendre davantage et mieux réfléchir à cet enjeu, et pour trouver des questions de discussion à ce sujet, consultez le troisième numéro de Parole et Monde de l’IFES.

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