L’agriculture en action
Comment FOCUS Zimbabwe utilise les poulets pour payer l’éducation
De nombreux enfants du Zimbabwe se sentent oubliés. Depuis l’apparition du SIDA dans les années 1980, le nombre d’enfants orphelins a augmenté de manière exponentielle. Lorsque leurs parents décèdent, ils sont généralement pris en charge par d’autres membres de leur famille élargie. Malheureusement, ces proches se voient bien souvent incapables de combler leurs besoins et ils se retrouvent alors à la rue. À cause de cela, ils prennent du retard dans leur scolarisation et ils sont marginalisés socialement. Les élèves plus âgés, de même que de très jeunes enfants, se tournent vers le sexe, la consommation abusive de drogues et d’alcool. Cela entraîne de graves conséquences pour leur santé et leur avenir. Une source éventuelle d’espérance est la scolarisation, mais plusieurs n’ont pas cette opportunité. Les frais de scolarité sont élevés et les bourses, rarissimes. Toutefois, pour les orphelins qui trouvent le moyen de recevoir une aide financière, l’éducation reçue change leur vie.
L’engagement devient action
Godfree Shuro, un équipier à temps partiel de FOCUS Zimbabwe, désire rendre la scolarisation accessible aux enfants orphelins. Il dit que le cours en ligne de l’IFES, Interagir avec l’Université, l’a motivé à chercher des opportunités de combler les besoins tant physiques que spirituels de sa communauté. Comme projet pour son cours, Godfree a lancé une initiative visant à fournir une aide financière pour la scolarisation des enfants orphelins. Il s’est inspiré de son propre arrière-plan rural pour lancer le Projet Poulet. Avec l’aide de 20 autres étudiants, il a entrepris l’élevage et la vente de poulets pour récolter les fonds nécessaires. L’argent accumulé grâce au projet a permis de couvrir les frais de scolarité de trois élèves du primaire pour les prochains six ans, de même que les frais mensuels de matériel scolaire pour 20 étudiants de l’école secondaire. En plus de cela, le groupe rassemble régulièrement du matériel scolaire, donné par les étudiants universitaires, pour offrir à des élèves du primaire ou du secondaire venant ds régions rurales.
Godfree précise qu’ils ont choisi d’élever des poulets parce que c’est là un moyen efficace de gagner de l’argent. Un poulet met environ six semaines à atteindre la maturité et le processus exige une gestion minimale. Le projet est pratique parce qu’il y a une forte demande de poulets, et ils peuvent facilement les vendre au marché ou aux cuisines sur le campus de l’université.
Le Projet Poulet a également permis aux étudiants de FOCUS de mettre à profit l’éducation qu’ils ont reçue. Ceux qui étudient l’agriculture élèvent les poulets, tandis que ceux qui étudient en gestion des affaires s’occupent de la comptabilité et des rapports financiers. Il note également que plusieurs étudiants ont un intérêt particulier pour ce projet parce qu’ils sont eux-mêmes des orphelins. L’un de ces étudiants est Innocent Gwatura, qui sert en tant que trésorier du projet. Il a eu le privilège de recevoir de l’argent d’une fondation pour ses études secondaires, et il désire offrir à d’autres orphelins la même chance.
“Lorsque vous êtes orphelin, il est plus probable que vous soyez privé de certaines choses dans la vie. Le fait d’être un orphelin sans éducation double ce problème. C’est pourquoi je fais pression pour aider d’autres orphelins à recevoir une éducation, car je veux leur montrer qu’ils peuvent encore faire de grandes choses dans la vie.”
Avoir une plateforme
En plus de combler un besoin matériel, le projet permet à FOCUS d’avoir ainsi une plateforme pour partager l’Évangile. Godfree commente ainsi :
« Le projet nous a fourni l’opportunité de parler de Dieu dans les écoles primaires. À chacune de nos visites, nous prenons le temps de partager l’Évangile avec tous les élèves. Nous les encourageons également en abordant avec eux différents sujets en lien avec des habitudes de vie saines. »
Godfree affirme qu’en cherchant ainsi à répondre à ce besoin social, davantage de gens sont disposés à les écouter.
« Le projet nous a également fourni l’opportunité de partager l’Évangile avec tous les membres du personnel. Ils ont vraiment apprécié l’initiative étudiante. J’ai appris que si vous faites quelque chose de bien pour une communauté, les gens seront alors plus enclins à vous écouter. »
À cause de la pandémie, FOCUS ne peut pas visiter les écoles. Heureusement, en dépit des mesures de distanciation, ces étudiants peuvent néanmoins continuer à élever des poulets. Le groupe a également utilisé l’argent reçu en don d’un groupe partenaire pour acheter de la nourriture pour les enfants affectés financièrement par le virus. Godfree estime que chaque petit effort de leur part compte vraiment.
« Nous visons la croissance. Notre projet est modeste et nous l’avons démarré avec peu de ressources, mais nous aimerions le voir prendre de l’ampleur et avoir un impact sur la communauté. »
Le Projet Poulet montre comment un mouvement peut entreprendre des actions modestes en vue d’avoir un impact majeur. Quels pourraient être les moyens par lesquels répondre à des besoins sociaux dans votre milieu ?