Des fils tissés
Un ministère parmi les diplômés qui fonctionne
Les étudiants ne demeurent pas étudiants très longtemps. Lorsque les étudiants de l’IFES deviennent des diplômés de l’IFES, les défis et les opportunités qu’ils rencontrent dans la vie évoluent d’une nouvelle manière.
Est-ce la fin de leur connexion avec l’IFES ? Pas du tout – du moins, pas obligatoirement. Le rôle du ministère de l’IFES auprès des anciens étudiants comprend deux fils distincts : soutenir les diplômés dans le monde du travail et inviter les diplômés à aider la génération actuelle d’étudiants. Ces fils peuvent être mieux tissés ensemble qu’on pourrait le penser, afin de créer une culture de soins réciproques. Le ministère parmi les diplômés a été identifié comme une priorité par les mouvements nationaux – mais comment bien l’exercer ? Voici quelques exemples de ce qui est possible.
Pourquoi proposer un mentorat aux diplômés ?
Les étudiants vivent avec un sens de leur trajectoire ; une fois diplômés, beaucoup d’entre eux ont des ambitions professionnelles dans un large éventail de secteurs. Mais en plus de leur diplôme et leur ambition, ils apportent aussi à leur carrière leur joie en Christ ainsi que le grand mandat missionnaire de faire des disciples. L’étude du projet L’Impact des diplômés suggère que les professionnels chrétiens ont une position unique et sont mal compris ; ils se trouvent pris entre les attentes d’une communauté chrétienne et les exigences du monde du travail. L’Impact des diplômés a pour objectif de proposer une solution à ce dilemme en équipant les diplômés à faire une contribution à la société qui est ancrée dans l’Évangile tout faisant bénéficier l’église de leur expérience. Le projet a pour vision que de jeunes adultes dans chaque pays réfléchissent, parlent et vivent pour Christ de manière distincte dans leur lieu de travail, motivés par leur amour pour Jésus et leur désir de faire connaître cet amour.
Une partie importante du ministère L’Impact des diplômés est Cross-Current, qui rassemble de jeunes professionnels en des groupes géographiques ou axés sur un secteur pour six sessions d’enseignement et de mentorat. Cela leur inculque un sens que Jésus est le Seigneur de tout, y compris de leur carrière. Nous devons le louer du lundi au vendredi, en plus du dimanche.
Comme le partage Rodica, la Coordinatrice de Cross-Current dans la région Eurasie de l’IFES, la pandémie a amené une croissance merveilleuse et inattendue dans certains endroits mais a aussi révélé la fragilité d’autres lieux. Cross-Current est actif et soutenu, par exemple, au sein du CSC, le mouvement national de la Moldavie. Les participants dans le premier groupe de ville à Chișinău l’ont trouvé tellement utile que l’information s’est répandue et l’on a invité Rodica à Balti, dans le nord de la Moldavie. « Le résultat, écrit-elle, c’est qu’ils veulent commencer un groupe russophone et inviter des jeunes diplômés de la Transnistrie [la région orientale séparatiste de la Moldavie] à y participer. Nous espérons que le travail pionnier du CSC parmi les étudiants continuera à grandir alors que nous prenons soin des jeunes diplômés – les premiers fruits de leur travail. Ce groupe, ainsi qu’un nouveau groupe de langue roumaine en Moldavie, commenceront en juin 2022. »
Rodica rapporte qu’ « au cours des cinq dernières années, des groupes Cross-Current ont vu le jour en Finlande, Roumanie, Ukraine, Irlande, Suisse, Belgique, Albanie, Géorgie, Russie, Italie, Norvège ainsi qu’au Portugal et au Canada. Nous avons aussi eu 16 groupes professionnels, axés par exemple sur l’économie, le droit, la science et les médias. Depuis que nous avons tout transféré en ligne à cause de la pandémie, nous pouvons atteindre plus de gens. »
À la suite de ce développement, « on nous a contactés du Portugal, de la Norvège, de l’Italie, du Canada, des Philippines, du Burundi et de la région de l’Amérique latine. Fin avril, le Népal a lancé son premier groupe de ville. D’autres organisations, telles que The Christian Working Woman [la chrétienne au travail] aux Etats-Unis, prévoient aussi d’utiliser nos ressources. »
Selon les commentaires que Rodica a reçus, « de nombreux participants ne reçoivent pas ce genre d’enseignement et de formation dans leur communauté chrétienne. »
La réponse d’un jeune prêtre, un diplômé récent de CCX Russie, est « qu’il prévoit de commencer à enseigner ces choses dans son église : un excellent exemple de notre impact. Alors que des étudiants reçoivent leur diplôme dans tous les mouvements de l’IFES, tous ne restent pas impliqués avec l’Union. Même si ce n’est pas l’objectif principal de Cross-Current, ce serait merveilleux si les gens se sentaient aimés par leur mouvement étudiant et non abandonnés. Lorsqu’on se sent aimé, on devient une bénédiction pour les autres. »
Les diplômés donnent à leur tour – et participent
Comment le ministère parmi les étudiants peut-il devenir une bénédiction pour les autres ? Il existe des exemples innombrables de personnes qui ont aimé et servi les étudiants de manière sacrificielle par l’hospitalité, l’enseignement, le mentorat et la prière. Dans Prayerline en novembre dernier, nous avions décrit comment Dieu a utilisé l’initiative de deux diplômés de l’IVCF Trinité-et-Tobago pour créer une large équipe d’anciens étudiants qui ont soutenu le mouvement sur le plan financier et spirituel pendant le confinement. Ils ont lancé un nouveau groupe de prière, des discours, des dons et un mentorat pour les étudiants actuels. Par ailleurs, ils ont soutenu dans la prière Cherelle Thompson, une étudiante de l’IVCF qui a participé aux Jeux Olympiques 2020 au Japon et, selon le Secrétaire général Joel Chryskarsten, leur aide « fut essentielle pour assurer notre stabilité financière pendant les répercussions de la pandémie. » Sans le soutien des diplômés qui demeurent attentifs à l’expérience étudiante, qui écoutent les perspectives étudiantes du jour et qui mobilisent leurs ressources afin d’assurer la continuité du ministère parmi les étudiants, les nouvelles générations d’étudiants seraient dans une situation beaucoup moins favorable.
l’UESI, le mouvement national de l’Inde, avait développé un programme de soins aux membres qui permettait aux diplômés de l’UESI de continuer à s’investir dans le ministère parmi les étudiants. Des près de 8 000 membres, plus d’un tiers sont directement impliqués dans le mentorat d’étudiants. Ces diplômés forment une partie essentielle du ministère de l’UESI, coordonnée par l’Union évangélique nationale des diplômés (National Evangelical Graduates Fellowship (NEGF)), au sein de l’UESI. En février 2019, l’UESI-NEGF a lancé le « Mois des membres diplômés et des soins aux membres » pour valoriser le rôle continu du soutien des diplômés dans le ministère parmi les étudiants et pour encourager d’autres personnes à devenir membres. Le thème du dernier Mois des soins était Romains 8.29 qui rappellent aux diplômés qu’ils sont
« destinés d’avance à devenir conformes à l’image de son Fils ».
En plus de recruter de nouveaux diplômés, le Mois des soins aux membres valorise l’esprit du leadership serviteur parmi les membres actuels et les équipe à amener le Royaume de Dieu dans la société à travers leur propre vie. Pour l’UESI, ses membres sont consacrés à Dieu par le ministère parmi les étudiants, évoquant la consécration des naziréens expliquée en Nombres 6. Ils considèrent que le formulaire de membre, renouvelé tous les cinq ans, ressemble au vœu de naziréat car il exprime l’engagement à développer un caractère de plus en plus semblable à Christ et de prioriser la vision de l’UESI. Mais le leadership de l’UESI se voit aussi engagé à prendre soin de ses anciens étudiants, selon l’esprit d’1 Pierre :
« Prenez soin du troupeau de Dieu qui vous a été confié. Faites-le, non comme si vous y étiez contraints, mais par dévouement, comme Dieu le désire ; non pas pour de honteuses raisons financières, mais de plein gré ; et n’exercez pas un pouvoir autoritaire sur ceux qui ont été confiés à vos soins, mais soyez les modèles du troupeau. » (1 Pierre 5.2-3)
Les diplômés et le mouvement étudiant portent une responsabilité mutuelle envers l’autre. Et parfois, la distinction entre les deux disparaît. Rappelez-vous le programme de formation commune minimum en Afrique francophone, un programme régional de formation au leadership étudiant financé par la Journée mondiale du don 2021. Alors qu’on avait demandé aux diplômés de fournir la formation pour les participants étudiants, de nombreux diplômés se sont aussi inscrits pour eux-mêmes être formés. Les organisateurs rapportèrent que « plus de 200 personnes se sont inscrites aux trois séminaires de formation » ; par conséquence, ils « organisèrent quatre jours de formation en présentiel pour les diplômés du GBUR, le mouvement national du Rwanda. » Il est certain que ce développement est « un grand encouragement » et les organisateurs « s’attendent au même niveau de foi, d’engagement et de résilience alors que nous appelons [les diplômés] à servir les leaders étudiants. » Cette distinction floue entre la formation des étudiants et des diplômés et le leadership des étudiants, des diplômés et du personnel, permet à chacun de contribuer à sa façon et de recevoir avec joie la contribution des autres.
Le ministère parmi les diplômés en Amérique latine : Tisser la trame
Blas Lopez commença récemment son rôle de Coordinateur des diplômés en Amérique latine. Il nous explique que « 70% des mouvements de l’Amérique latine ont travaillé avec les diplômés, mais 80% de ceux-ci comptent moins de trois groupes. » Blas explique que, le plus souvent, « les diplômés se réunissent pour prier, étudier la Bible et rester connectés. » Son ambition est « de voir si nous pouvons les aider et s’ils peuvent nous aider. Je les rencontre régulièrement pour en discuter. Le problème, c’est qu’ici, à part les dons financiers, nous n’avons pas les canaux et les précédents [qui nous faciliteraient la tâche]. »
Blas partage qu’en Amérique latine, « les étudiants sont généralement très reconnaissants envers le mouvement et ils donnent beaucoup de leur temps, [ainsi que] le peu d’argent qu’ils ont, pour faire avancer le ministère alors que leur foi est fortifiée. Cependant, lorsqu’ils reçoivent leur diplôme, la majorité d’entre eux se dissocient » en partie parce qu’il y a « un manque d’occasions pour servir et un manque de ressources adaptées aux nouvelles difficultés qu’ils rencontrent. » Une solution a été d’introduire L’Impact des diplômés en Amérique latine, grâce à la ressource Transition. C’est ici que les fils se chevauchent ; « accompagner les diplômés dans leurs défis au travail devrait les encourager de contribuer de manière naturelle et engagée au mouvement. Les mouvements se sentiraient alors plus libres de demander un soutien financier ; actuellement, les diplômés ont souvent l’impression qu’on ne fait que leur demander des fonds. »
On peut néanmoins avoir des réserves. Comme l’explique Blas, « cela nous oblige à nous demander si nous devrions investir dans le ministère parmi les diplômés et si cela nous éloignerait de notre objectif principal d’atteindre les étudiants sur le campus avec l’Évangile. » Tout en admettant ce risque, il conclue que « si nous prenons au sérieux la vie des étudiants, nous aurons le désir de les voir continuer à cheminer fidèlement avec Jésus après l’université et nous chercherons des moyens de les accompagner et les aider à intégrer leur foi et leur profession afin d’être les témoins fidèles dont nous savons que notre société a besoin. »
Blas comprend l’importance d’aider « les mouvements nationaux de l’Amérique latine à voir le ministère parmi les diplômés comme partie intégrante du mouvement, où les diplômés sont accompagnés [mais] en même temps, ils servent avec leurs dons et leurs connaissances, en plus de leurs ressources. » C’est pourquoi il « œuvre pour établir une structure où la collaboration porte des fruits dont tous peuvent goûter le bénéfice. »
Les fils doivent certes être fixés à des angles perpendiculaires afin d’être tissés, mais cette structure essentielle renforce la composition. Il faut poser la question sur la place du ministère parmi les diplômés alors qu’on cherche à atteindre les étudiants sur les campus et à établir un témoin dans les universités ; les deux fils peuvent sembler incompatibles. On peut supposer que le ministère parmi les diplômés signifie soit enlever des ressources au ministère parmi les étudiants pour soutenir ceux qui en ont déjà bénéficié, soit inviter les anciens membres à cracher et donner à leur tour, ce qui peut sembler plutôt froid. Dans le meilleur des cas, pourtant, le ministère parmi les diplômés peut devenir un moyen populaire considérable pour soutenir l’évangélisation parmi les étudiants et la formation de disciples. Lorsqu’il est bien exercé, ce ministère indique aux diplômés que les mouvements continuent de les aimer en tant que personnes valorisées qui ont une contribution à faire.
Deux événements en ligne pour lancer le cours Transition de Cross-Current auront lieu les 7 et 14 juin. Contactez rodica@graduateimpact.org pour plus d’informations.