Numéro 6 : Repenser le leadership

Mot du rédacteur

Robert W. Heimburger

Aujourd’hui, de nombreuses personnes aspirent à de meilleurs modèles de leadership. Je travaille avec des étudiants diplômés qui disent clairement qu’ils attendent davantage de leurs études que des connaissances et des compétences en matière de leadership. Les initiatives Oxford Character Project et Oxford Pastorate ont suscité un vif intérêt chez les étudiants chrétiens et non chrétiens qui souhaitent devenir des leaders de caractère et intègres. À une époque où de nombreuses personnes sont attirées par des dirigeants qui leur annoncent qu’ils vont sauver leur pays par l’usage de la force et en écrasant les plus faibles, d’autres réclament un autre genre de leadership.

Mais devrions-nous parler autant du leadership ? Les auteurs de la Bible ne semblent pas penser que nous devrions aspirer à des positions de leadership. Ils ne recommandent pas de cours de formation au leadership. Au lieu de cela, ils nous invitent à être des serviteurs, à nous sacrifier, et à aimer notre prochain. Dans les Écritures, nous trouvons des hommes et des femmes placés en position d’autorité. « Les leaders émergent et sont reconnus de fait comme tels. On ne les ‘crée’ pas de toute pièce », a répondu Vinoth Ramachandra, membre du groupe consultatif en théologie, lorsque nous avons correspondu sur ce sujet. Étant donné que la Bible ne semble pas nous conseiller de cultiver nos qualités de leadership, à quelques exceptions près, les professeurs de théologie semblent ne pas prêter grande attention au leadership en tant qu’objectif.[1]

Mais les auteurs de ce numéro de Parole et Monde estiment qu’il est temps de repenser le leadership, au lieu d’éviter le sujet. Ils pensent qu’il est temps que le leadership soit revu et transformé à l’exemple de Jésus. Dans notre article de fond, Joshua Bogunjoko, du Nigeria, nous explique que pour revoir le leadership, nous devons faire avec nos milieux culturels. Il souligne la tradition bien ancrée du leadership dans les villages africains, en évoquant l’importance d’une transformation fondée sur des valeurs bibliques. Il aspire à ce que les dirigeants puissent connaître un salut qui ne libère pas uniquement de la culpabilité, mais aussi de la honte ; il aspire à ce qu’ils puissent incarner les représentations bibliques de berger, de serviteur, et d’intendant ; et il aspire à des réseaux de leaders qui se soutiennent mutuellement.

Au cœur des scandales de corruption qui secouent l’Amérique latine, Daniel Salinas, de Colombie, nous dit que l’exemple de Néhémie dans la Bible est « comme une oasis au milieu du désert ». Lorsque les habitants de Juda ont été obligés de quitter leurs maisons, une gouvernance injuste étant en grande partie à blâmer, Néhémie se voit accorder la possibilité d’aider son peuple à rentrer chez lui. Il incarne un nouveau modèle de leadership, car il privilégie le bien-être des autres par rapport à son intérêt financier, il écoute et s’adapte à ceux qui sont sous sa responsabilité, il travaille aux côtés des autres, il continue à lutter contre l’injustice, et il n’oublie pas qu’il doit rendre des comptes à Dieu.

Dans de brèves réflexions sur cette question, Wendy Quay Honeycutt (USA/Malaisie/Australie) tire des conclusions de ses discussions avec les leaders de son groupe étudiant. Ces étudiants approuvent ceux de leur université qui estiment que les personnes en position de responsabilité devraient « manger en dernier ». Mais ils concluent que si les personnes en position de responsabilité sur le campus sont encouragées à réaliser leur propre objectif, les leaders chrétiens sont appelés à atteindre un objectif qu’ils ne peuvent voir ou comprendre. Pierre Ezoua (Tunisie/Côte d’Ivoire) écrit au sujet de ce que nous pouvons faire lorsque les leaders chrétiens africains refusent de quitter leur fonction. Il explique que les changements de politique ne sont pas suffisants. Ce qu’il faut, c’est un nouveau modèle de leadership à l’exemple de Jésus, qui s’est fait l’esclave de tous. Ce Jésus est un leader qui ne vit pas de pain seulement, mais de l’amour et de la fidélité de Dieu.

Comme dans les numéros précédents de Parole et Monde, chaque article est accompagné de questions pour la discussion, que vous pouvez utiliser pour engager la conversation dans votre groupe étudiant, votre Église, ou un autre groupe. Tous ces articles sont disponibles en anglais, en espagnol et en français. Vous pouvez donc choisir la langue qui vous convient. Veuillez me contacter pour me faire part de vos réflexions sur la façon dont Parole et Monde pourrait mieux inciter la réflexion théologique autour des questions relatives au monde étudiant.

Que ce numéro vous équipe et vous inspire alors que vous repensez le leadership.

Robert W. Heimburger, Rédacteur
robert.heimburger@ifesworld.org

Notes de bas de page

[1] Exemples en anglais : Skip Bell, ed., Servants and Friends: A Biblical Theology of Leadership (Berrien Springs, Mich.: Andrews University Press, 2014) ; Arthur Boers, Servants and Fools: A Biblical Theology of Leadership (Nashville: Abingdon Press, 2015) ; Benjamin Forrest et Chet Roden, eds., Biblical Leadership: Theology for the Everyday Leader (Grand Rapids, Mich.: Kregel Academic, 2017); Don N. Howell, Jr., Servants of the Servant: A Biblical Theology of Leadership (Eugene, Ore.: Wipf & Stock, 2003) ; Timothy S. Laniak, Shepherds after My Own Heart: Pastoral Traditions and Leadership in the Bible, New Studies in Biblical Theology 20 (Leicester: Apollos, 2006).

Tous les articles de Parole et Monde